Acteurs célèbres : crise des valeurs en pleine crise immobilière ?

J’aime le cinéma et je ne hais pas les acteurs. Surtout quand ils sont bons. Certains d’entre eux deviennent parfois très célèbres, très riches, sinon très puissants. Il y a ceux qui ne revendiquent rien d’autres que l’amour d’un métier somme toute particulier puisque qu’au lieu de « travailler », on y « joue ». Cela doit être très excitant. Il y a ceux qu’on sollicite à tout propos, parce qu’après tout, ils sont des « icônes » de notre époque où l’on adore surtout les idoles, ces « monstres sacrés ».

Il y a ceux sur qui tous les medias tombent à bras raccourcis parce qu’ils disent bien haut ce que beaucoup pensent tout bas et qu’après tout, ils préfèrent vivre ailleurs qu’en France où l’Etat (aujourd’hui) « n’aime pas les riches ». Comme M. Depardieu, qui lui a cependant tant rapporté. Et tant d’autres d’ailleurs qui sont partis, eux, depuis bien plus longtemps.

propriété à vendre de Mme Deneuve en Eure et Loir
propriété à vendre de Mme Deneuve en Eure et Loir (photo Centre France)

Et puis il y ceux qui, comme Mme Deneuve n’ont cessé leur carrière durant d’afficher, en toute discrétion, leurs idées « progressistes » et leur soutien aux amis socialistes dans l’esprit « rive gauche » ou  parce que les années Mitterand (1981-1995) ont été, pour elle,   les plus prolifiques de sa longue carrière.

Connaissant (comme tout un chacun) l’élégance et l’habituelle retenue de cette dame (qui a su négocier mieux qu’une autre le respect de sa vie privée), j’imagine quel doit être aujourd’hui son désarroi de voir ainsi livrée en pâture une partie de son intimité telle que dévoilée par la presse de ce jour : elle se sépare de son petit château, une belle maison, en vérité, comme on peut le voir ici. Compte tenu de l’état du marché, elle doit vraiment avoir besoin d’argent, ou de changer de vie.

Nous savons tous à quel point les temps sont devenus difficiles en France pour les possédants et combien l’ont déjà quittée pour cette raison.

Il ne manquerait plus a présent qu’après un conseiller trop attaché aux produits de luxe, le très impopulaire président des Français perde encore en Mme Deneuve un de ses fidèles soutiens.

Cette vieillesse qu’on nous annonce si longue: espoir ou juteux marché ?

Se dire aujourd’hui, à cinquante ans, qu’un demi siècle est encore devant, cela peut laisser songeur. C’est pourtant devenu affreusement banal. Enfin, pour les centenaires d’aujourd’hui, nés au siècle dernier. Ils sont plus de 20.000 cette année, contre 100 en 1900. On en prévoit 4 fois plus en 2050, c’est à dire bientôt.

C’est là un des grands paradoxes de notre temps, où tout est mis en oeuvre pour que nos vies soient les plus longues possibles, avec infiniment de précaution, mais où ces mêmes vies sont décrétées presque inutiles avant même d’avoir atteint 60 ans.

Oh, le Législateur fait bien des efforts pour faire croire aux citoyens que nous sommes qu’il faudra travailler plus longtemps, que l’expérience n’est pas sans valeur et que les têtes chenues sont assezDanielle Darrieux à 89 ans dans le film d'Anne Fontaine (2006) bien faites encore pour éclairer la lanterne de leur jeunes successeurs. Mais qui le croit ?

La tentative d’un marchand de savon pour imposer à nos abribus l’image de beautés décaties ou de femmes ordinaires a fait long feu : cela n’était pas vendeur. La banalité et la vieillesse ne sont pas acceptables par le « marché ». Dommage, car plus on veillit, plus le savon s’impose pour rester « frais » !

Il n’y a guère que les « vieilles dames anglaises » qui aient eu grâce à nos yeux : le teint rose et poudré, l’oeil bleu porcelaine, une senteur de lavande. Est-ce bien encore le cas, d’ailleurs, hormis celui de Sa très gracieuse Majesté ? L’Angleterre n’est plus, elle non plus, ce qu’elle était.

Alors, il reste à ceux qui vivent d’une apparence à essayer de la garder : mais le résultat escompté est le plus souvent affligeant. La beauté de Mme Deneuve et de tant d’autres femmes, sublimes ou non, n’a pas résisté aux bistouris réparateurs : rien ne peut réparer ce que le temps a détruit. Ces visages tendus, « botoxés », cette illusion jugée flatteuse n’est que désatre pour ceux qui la vivent : ils savent, dans leur intimité, ce qu’est leur réalité. La seule force de l’âge est de tenter de l’assumer. Et si possible avec gaité.

Les « Huit femmes » que François Ozon avait mis en scène représentaient tous les âges de la vie d’une (jolie) femme, de ses prémisses à son achèvement : toutes les transitions sont difficiles. Parvenu au faîte (qu’on y aspire ou pas), il faut bien se résoudre à descendre. Les visages martyrisés par la chirurgie ne se promettent pas de beaux jours. L’égérie de feu Saint-Laurent n’aura jamais plus au même âge la fraîcheur et la pétillance de Danielle Darrieux, demeurées intactes; il est vrai aussi qu’elle n’a jamais eu son talent.

J’ignore pour ma part où se trouve la grâce d’avoir à vivre si longtemps, même si cela ne concerne au fond que très peu de monde : l’espérance de vie moyenne ne dépasse pas, aujourd’hui encore, 85 ans. Du moins est-ce un facteur de prospérité pour certains marchés : celui des cosmétiques (voir lien INSEE) est en constante progression, comme le devient celui de l’aide à la personne. Encore faudra-t-il trouver des volontaires…..de plus de 60 ans ?