Information: entre le buzz, l’émotion et la rumeur du complot, la réalité a rarement le dernier mot

Sur Arte cette semaine, la tentative de Daniel Leconte de déjouer les pièges de la désinformation n’aura guère retenu l’attention : 2% d’audience contre 27,4 pour le Dr House. C’est dire tout l’enjeu de l’information.  Un enjeu dont se « foutent »  la plupart des gens qui ne mesurent malheureusement pas les conséquences de ce qu’ils subissent et à quoi cela peut (encore)  les  mener.

David Pujadas, désormais « pure people » mais  libéré ici par le micro de Denis Jeambar,  est tout d’un coup remonté dans mon estime : j’ai bu du miel en entendant ses propos et ceux de ces journalistes  prétendument « en colère », mais surtout affligés de ne pouvoir exercer leur métier autrement que de la façon à quoi les contraint le « marché » , du moins celui des radios-télés. : au plus bas niveau de l’émotion, de la bonne conscience, du micro-trottoir, du bon conseil et du mode d’emploi, bien loin devant la rigueur de l’enquête,  la réserve et l’analyse qui restent encore les vrais critères, du moins pour une certaine presse écrite qui attire cependant de moins en moins de lecteurs. M. Pujadas devrait retourner aux écritures, moins lucratives sans doute que la télé, mais il s’y sentirait bien mieux.

L’imposture et la manipulation  dévoilées dans cette « Théma » ont un bel avenir. Pour n’être pas nouvelles, elles ont aujourd’hui l’avantage jamais atteint de pouvoir  diffuser leur venin instantanément,  dans le monde entier et dans toutes les langues et de moduler les opinions. La théorie du complot, quel qu’en soit l’objet,  fait florès et, comme les pires rumeurs,  parvient presque toujours à déjouer toutes les manifestations factuelles de la vérité objective en s’appuyant sur des témoignages, documents ou rapports soi-disant cachés. « La vérité est ailleurs » pour les chercheurs de type  X-files, et pour quantité d’entre nous, assaillis par le doute face aux contradictions de l’information.

J’avoue avoir été sidérée en recevant dernièrement un film sur le 11 septembre. Le montage en était parfait. L’illusion  du « complot » aurait pu marcher si je n’avais pas eu la chance d’être entourée de spécialistes de résistance des matériaux pour qui la cause (de l’effondrement rapide des tours) est entendue.

Quant à la grippe et ses vaccins, vecteurs de calamiteuses  rumeurs, rien ne permettra jamais à ceux qui les ont propagées de les détromper : le discernement et l’analyse sont assez mal enseignés ou mal pris en compte.

En matière de manipulation et de fabrique d’opinion publique, tout est donc possible et malheureusement, sans limite.

Les statistiques n’ont pas à être « ethniques », mais à prendre en compte des paramètres concrets

C’est agaçant, à la fin, cet usage abusif du terme « ethnique ». On se croirait dans un cours de socio des années 70, en train de rebâcher Mauss et Levy-Strauss. Il est décidément plus facile de parler des bêtes que des hommes.  On usa longtemps d’ un vieux mot, pour définir les différences apparentes des uns et des autres, qui s’appliquait à tous, hommes et bêtes. Mais voilà, plus question de le prononcer. Race. Un mot  aussi signifiant que celui de  racines, qui sont propres à chacun d’entre nous, même quand on les ignore,  et que traînera encore longtemps la généalogie de notre espèce. Un  mot que  Gobineau,  certes,a perverti. Mais oublions un peu Gobineau ! Et souvenons-nous plutôt de Bartolomeo de Las Casas ou mieux encore, lisons ou écoutons Yves  Coppens

Je ne me suis jamais demandé de quelle « ethnie » j’étais. J’ai appris en un temps qui n’a plus court, qu’une classification permettait l’étude et qu’il fallait bien classer. Nous sommes, nous humains,  tous pétris de chair, d’eau et de sang et tous sexuellement compatibles. Mais nous sommes en apparence différents : blancs, cireux, bruns rouges ou noirs de peau ; issus d’origines et de contrées diverses, mélangés, métissés. Et nos chemins nous sont propres, qui nous menés là où nous sommes.

Que peut faire pour lui  l’administration d’un pays libre et protecteur qui ignore ce qu’est réellement sa population ? On a depuis des années dépouillé des données statistiques tous les paramètres déterminant les spécificités de chacun. Origine géographique, culture ou religion.  Les chercheurs de l’INED ont bien du mérite dans la poursuite de leurs travaux et Michèle Tribalat s’en est largement fait l’écho.

Il semble que tout en ce domaine fonctionne plus ou moins « à la louche » de données parfois arbitraires de telles ou telles organisations, associatives ou pas, relayées souvent sans contrôle par des organes de presse ou des medias qui en font leurs choux gras. Cela n’est pas sérieux. Chacun y va de son « stigmate » quand il ne s’agit que de connaître, comprendre, résoudre ou du moins tenter de le faire.

On ne fait pas de bonnes statistiques sans de bons paramètres. En matière de population, l’origine géographique et culturelle est probablement le plus concret.

Le catholicisme n’a pas à satisfaire à l’hédonisme, et il n’est pas obligatoire !

Crucifixion de Saint-Pierre, F. Lippi, Florence, 1482
Crucifixion de Saint-Pierre, F. Lippi, Florence, 1482

Je serais tentée, comme ce cher Bruno Frappat, de laisser « glisser », devant la chute de tant d’outrance. Passe encore des medias qui ont pour seul penchant la sensation, le saignant, le conforme. C’est toujours par le bas qu’ils trouvent leur audience. Quant aux laïcs, qu’ils fassent après tout ce qu’ils veulent.

Mais quand des catholiques, tels M. Juppé, qui n’a pourtant pas été,  dans sa ville, exempt de soucis ecclésiaux, s’indigne à l’instar de tant d’autres cibles médiatiques de la prétendue position du Pape, je m’insurge.

Benoît XVI est villipendé comme l’est aujourd’hui toute forme de transcendance. Sa hauteur de vue, sa connaissance et son humanité avaient, semblait-il pourtant, fait l’unanimité lors de son dernier passage chez nous. Il est vrai que la ferveur impressionne ceux qu’elle n’atteint pas, qui la méprisent, par manque, sans doute. Ils n’ont de cesse d’en infirmer le sens, pour employer cet euphémisme.

C’est oublier que rien n’oblige. Rien n’est plus difficile que d’être catholique, de vivre au quotidien l’amour de l’autre, la tolérance et le pardon. Et la liberté qui va avec. Car le Chrétien, le catholique EST LIBRE, on ne le répètera jamais assez.

Le Pape est dans son rôle en rappelant sur quoi se fonde notre Eglise, sachant à qui, d’abord, il s’adresse. Ceux-là comprendront et sauront faire la part des choses. La part qu’ils font toujours.

L’hédonisme qui ravage nos sociétés se situe le plus souvent de chaque côté de la ceinture. Bien loin en tous les cas du siège de la Foi, de l’Espérance et de l’Amour qui nous transcendent  le coeur l’esprit et le corps, qui les accueille.

Il est heureux encore, qu’on nous rappelle à ces hauteurs dont tout le matérialisme ambiant nous invite sans cesse à descendre. De ce point de vue, Benoît XVI nous y invite. Libre à chacun d’y penser et de lui rendre grâce, ou pas. Mais alors, que cesse ce vacarme !

Réforme territoriale 2014 : pourquoi pas une nouvelle Province ?

J’ai toujours (ou presque) vécu en province et  n’ai jamais aimé le terme de « région ». Le découpage de nos Régions correspondait déjà assez peu à la culture de leurs territoires (le Bourbonnais est sans doute plus proche du Bourguignon que de l’ Auvergnat et l’Ardéchois   probablement assez éloigné du Savoyard  auquel il est rattaché. Question d’histoire, mais surtout de géographie.

Le Massif Central
Le Massif Central

Ce qu’on nous propose aujourd’hui représente pour certaines d’entre elles un quasi déni. Rattacher l’Auvergne à la déjà immense et puissante Rhône-Alpes, par exemple ; ou même encore, la rattacher au  Limousin, car on est encore sûr de rien. Peut-être dépecer le Poitou pour repeupler le Limousin et agrandir encore l’Aquitaine ? On n’en sait rien.

Il semble que M. Balladur (ou son comité) n’ait pas pensé un seul instant qu’il y avait, dans son projet, une opportunité, peut-être, de redistribuer des cartes jusque là assez mal données. Pourquoi pas, en rognant sur leurs alentours, créer enfin, comme une nouvelle province,  un large Massif Central qui est après tout le coeur de ce pays ?

Par les temps qui courent (et sont encore à venir), qui sait s’il ne sera pas plus agréable de vivre dans tous ces lieux aujourd’hui tranquilles et vastes où bien des gens pourraient trouver une douceur de vivre qu’ils ne trouveront jamais au sein des métropoles surpeuplées qu’on nous annonce de toute part comme l’avenir de nos sociétés ? Que savons-nous de cet avenir, d’ailleurs ?

Quoi qu’il en soit, il faudra « faire avec ».

Quant à la France, elle  est le plus souvent coupée en deux. Quel que soit le gouvernement en place, le projet, les résolutions, les dispositions qu’on leur propose, il y a toujours ches les Français, à parts quasiment égales,  ceux qui sont pour, et ceux qui sont contre. Sauf si demain, et pour de vrai, on rasait gratis. Là, tous les Français,  enfin,  seraient d’accord.

Vatican II : l’impossible unanimité des Catholiques

Après tout le tapage dont nous ont gratifié les medias sur cette main tendue par Benoît XVI aux évêques intégristes (et son choix malheureux pour l’un d’eux), le verdict tombe enfin de l’alternative proposée : ils confirment leur rejet de Vatican II.

Rien n’est pour autant réglé dans ces dissensions déjà installées ou en voie de l’être, car on met toujours en lumière la Fraternité Saint-Pie X, qui ne représente qu’une partie des courants anti-conciliaires fûssent-ils seulement traditionnalistes et non intégristes.

Il est vrai que la plupart des autres « contestataires » du Concile, essentiellement traditionnalistes, ressortissent du droit pontifical. Parmi eux,    l’Institut du Christ Roi qui a étendu, depuis 40 ans, son influence (son rejet de toute modernité ecclésiale) dans une grande partie du  monde occidental, tout en s’implantant assez généreusement dans l’Hexagone et particulièrement en Aquitaine et en Limousin.

Accroché depuis 2007 aux libéralités que lui a conféré le Motu Proprio, cet Institut  est soumis,  depuis le 7 octobre 2008,   au droit pontifical, ce qui risque de troubler bien davantage encore un bon nombre de paroissiens coutumiers des messes  ordinaires et fidèles à leur modernité mais bien souvent privés, dans leurs paroisses, des célébrations qu’un manque crucial de prêtres de permet plus d’y proposer.

On peut donc supposer que les vocations  qui paraît-il affluent en nombre dans les séminaires bien nantis de ces fondations essaimeront un jour dans nos régions. Quel choix restera-t-il alors aux fidèles ?

Fraudeurs financiers : plus que la prison, c’est la Misère, qu’ils méritent

On me reprochera sans doute ma très grande candeur, mais je ne vois décidément pas, dans ce cas de figure,  d’autre solution que la CMP : la Condamnation à la Misère Perpétuelle.

prison
source : wikicommons

A quoi bon en effet mettre en prison des fraudeurs qu’aucun scrupule, jamais, n’étouffe dès qu’il s’agit d’engranger les  profits, souvent considérables,  de gains énormes obtenus par les voies les plus perverses et en tous cas illicites. Parfois même sur le dos de plus riches encore.  La prison, ils finissent toujours par en sortir un jour (à moins qu’ils n’y installent quelque trafic)  et l’on est jamais certain qu’ils ne trouveront pas, bien cachée quelque part, une réserve qui leur permettrait de…. recommencer.

Qu’ils soient courtiers, mafieux ou dirigeants de certains états si dénués par ailleurs, ils sont tous, de façon quasi pathologique,  obnubilés par le pouvoir de l’Argent, plus que par le Pouvoir lui-même, accumulant ici et là toutes sortes de biens ostentatoires, acquis le plus souvent, sous couvert d‘hommes de paille,  en toute légalité.

Les condamner à la Misère, celle qu’ils méprisent par dessus-tout et qu’au fond d’eux-mêmes ils redoutent, la misère où ils ont entraîné souvent tant de gens naïfs qui tentaient, au mieux,  d’améliorer leur ordinaire (posséder leur maison, placer leurs économies) ou même dans certains cas, de bénéficier d’aides internationales).

Les condamner à la Misère Perpétuelle : plus de comptes en banque occultes, plus de villas sur les Côtes, plus d’hôtels particuliers dans les capitales, de yachts surdimensionnés dans les marinas. Les moyens doivent bien exister, quand les faits sont avérés, de saisir ces biens mal acquis. Au bénéfice, bien sûr, des pays hôtes qui sont généralement, on l’aura compris, ceux où règnent la prospérité et qui, on peut du moins l’espèrer, sauraient gérer cette manne au profit…. des véritables victimes de tout cet excès de finances……

Réforme des crédits renouvelables : fin d’une grande illusion ?

L’illusion bien entretenue que le plus modeste peut dépenser sans compter, qu’il peut, s’il est prudent, reconstituer sa « réserve », d’autant plus étroite d’ailleurs que la capacité de remboursement est ténue. Une chaîne d’esclave que posent un jour ou l’autre les organismes de crédit aux chevilles de consommateurs captivés, ou réceptifs, ou impatients. Mais une chaîne, oui, qui finit pour certains par obérer leur existence.

usurierLe crédit se renouvelle, en continu, à un taux qui avoisine parfois  les 20% d’intérêts, ce qui n’est pas rien. L’organisme financier, tel l’usurier des temps passés, engrange les bénéfices pendant que des familles s’endettent, se sur-endettent puis se détruisent. Le marché n’a pas de morale, que celle de l’Economie. Produire, vendre, acheter. En chinois, d’ailleurs, on utilise le même verbe : acheter et vendre, c’est au fond la même chose, inversée dans un même circuit.

Le problème n’est pas au fond celui du crédit lui-même : il a permis que se réalise le Rêve américain, donc le nôtre. Celui des années cinquante,  jusques à hier encore. En payant chaque mois (mais longtemps et forcément plus cher) de petites sommes, la plupart des gens ont pu acquérir rapidement tous ces éléments de confort que nous concevons aujourd’hui comme fondamentaux :  de la petite robe noire à la machine à pain en passant par les téléviseurs ultra-plats et autres graveurs MP3.

C’est toujours l’ignorance, qui fait problème, le manque de discernement, de retenue, de bon sens aussi, cultivés avec le plus grand soin par les vendeurs d’illusion  du marketing et de la communication, celle qui laisse ou fait croire aux plus modestes qu’ils peuvent eux aussi tout consommer sans délai, sans contrainte et surtout sans effort.

Le bon sens, oui, si cher à notre vieux Descartes qui le croyait, chez nous,  si bien partagé, a depuis trop longtemps déserté nos rivages tout autant pollués par un consumérisme effreiné que par les déchets qu’il génère.

Le calcul pourrait pourtant être assez simple, fût-il lui aussi illusoire : essayer de vivre avec ses moyens et, en l’occurrence, sa capacité de remboursement devrait maintenir un équilibre souvent précaire d’ailleurs. Certains y parviennent. Ils sont ou seront, en temps de crise, de plus en plus rare. D’autant que nos Etats eux-mêmes croulent sous leur propre endettement……

Cette Europe généreuse et garante de paix que des peuples récusent aveuglément

60 ans de paix entre des peuples qui, des siècles durant, se sont affrontés dans les larmes et le sang, cela vaudrait quand même d’être souligné : La neutralité de la République d’Irlande pendant la dernière guerre mondiale a évité à ses ressortissants d’y prendre part. Il est vrai qu’ils ont connu d’autres soucis. Le niveau de vie des Irlandais, en 1960 était assez lamentable malgré les aides accordées par le Plan Marshall, dont ils avaient pourtant bénéficié.

C’est pourtant en rejoignant l’Europe, en bénéficiant de ses aides que les Irlandais ont commencé à se relever pour devenir, au cours de la dernière décennie, l’un des 10 pays les plus riches du monde.

Certes, l’Europe n’est pas seule en cause, et des politiques intérieures bien menées n’y sont pas étrangères. Mais enfin, l’essor de tous les adhérents de ce vaste projet est connu et réel.

Dommage que les peuples n’en retirent que les mauvais aspects, largement diffusés par les medias et tout aussi largement utilisés par leurs dirigeants qui se retranchent volontiers derrière.

Ce qui intéresse les peuples d’Europe, c’est le foot. Il n’est que d’écouter les radios ce matin, de lire les titres des communiqués : « la presse italienne croit au miracle » (Le Figaro, 14 juin). On croit rêver à un europtimisme : que nenni : c’est du foot, qu’il s’agit !

Pauvre Europe, si malmenée, si peu comprise, si peu expliquée, sans doute.

Rien n’est plus fragile que la paix. Les peuples d’Europe seraient avisés d’y songer. Et les medias de réfléchir, avant de toujours dénoncer.

Ces catastrophes que la Terre nous impose comme leçons d’humilité

Heureux les temps plus anciens où les nouvelles du monde ne nous parvenaient qu’avec lenteur, souvent après analyse, presque toujours avec mesure. Mais la mesure, aujourd’hui, est celle d’un monde immédiat et universel où chaque évènement peut-être vécu simultanément par tous ceux qui accèdent à l’information, soit aujourd’hui déjà près d’un milliard d’internautes, et près du quart de la population mondiale dans les trois ans à venir. La moitié de la population française est aujourd’hui connectée.*

La première décade de notre mois de mai offre à elle seule un panel de désastres assez terrifiant : cyclone meurtrier en Birmanie, tornades ravageuses aux Etats-Unis, puis un séisme majeur en Chine, dont les ondes continueront un certain temps à se propager avec autant de ruines et de détresses induites.

La liste ne sera jamais exhaustive de tous les malheurs qui nous assaillent, nous-mêmes et tous nos semblables, contre lesquels nous sommes le plus souvent complètement impuissants et dont la connaissance immédiate et redondante risque davantage, à terme, de nous incliner au repli plus qu’à la compassion à laquelle l’Espérance nous invite et que la Charité nous impose.

Il est probable que de tous temps et en tous lieux, la Terre a produit tout autant de ces éclats que nous avons très longtemps ignorés. Aujourd’hui, il suffit de se connecter à un site spécialisé (voir lien ci-contre) pour suivre pas à pas ces évolutions, qui sont considérables et terrifiantes, et dont les plus catastrophiques sont un tropisme juteux pour les medias, toujours avides de fournir à leurs spectateurs ce sang et ces larmes qu’apparemment ils attendent et qui les fascinent, tant il est vrai que la violence (et sa représentation) sont consubstantielles à notre nature** pour assumer notre combat vital et assouvir nos vanités.

Bien loin hélas de l’humilité que devrait nous imposer la conscience de notre fragilité. Celle de toutes ces vies perdues ou brisées, celles des autres, mais tout aussi fatalement les nôtres dont aucune n’échappe, quelque jour, à un malheur.

* étude Nielsen-MediaRatings pour JournalduNet (2007)

**voir Werner Balzer, La sensorialité et la violence in Revue française de psychanalyse, 70,2006,1

Otages : terreur, corruption, misère et mensonge

J’ai assisté comme tant d’autres aux interventions médiatisées des enfants de Mme Betancourt et de M. Delloye, son ex-époux depuis 1990. (Il m’a d’ailleurs paru étrange sinon suspect qu’on évoque, convoque ou consulte si peu son mari, Juan-Carlos Lecompte).

Dès l’été 2003, M. de Villepin avait tenté, à la demande de la famille, une opération d’exfiltrage qui s’avéra désastreuse pour la diplomatie mais non pour la presse brésilienne avide d’éventer un secret, puis celle du monde entier qui renchérit. Le cours de l’otage s’est sans doute, dès lors, cruellement élevé. Et la Colombie compte aujourdh’ui encore près de 3000 otages. 3000 otages de la terreur.

Les valeurs d’humanité, l’émotion primaire qui animent la plupart des gens ordinaires n’ont déjà plus de sens pour les simples preneurs d’otages, que dire quand ils sont de surcroît soldats de terreur ! Dans ces conditions, à quoi peuvent servir de tels déballages, fussent-ils aussi compassionels, sinon à faire monter l’enchère ?

Négocier quoi que ce soit dans les chemins de traverse requiert me semble-t-il le plus grand secret. Et dès lors qu’il s’agit de vies humaines, il appartient aux gens de presse de le respecter. Mais c’est déjà un autre sujet, où les opinions ne sont pas étrangères.

Il est à craindre que Mme Betancourt ne revienne, si elle revient, totalement brisée.

Elle avait vécu dans le luxe à Bogota avant de découvrir, par la politique et son engagement, la misère colombienne. Corruption, guerilla, indigence du peuple, représailles. Cette misère, c’est à l’occasion de son enlèvement que son époux Juan-Carlos Lecompte l’a découverte à son tour, comme il le confiait en 2005 à La Croix ,avant de rejoindre la France, où il s’est lui aussi, engagé.

Les farcs quant à elles revendiquent aujourd’hui leur implantation dans presque tous les territoires sud-américains. Leur action est soutenue par certains courants de pensée et la baisse du dollar ne risque guère d’infléchir le cours ni le circuit des narcotiques qui fournissent leurs armes aux guerillas, aux terroristes et leur déchéance à tous les drogués, autres otages d’un monde sans foi, sans partage et sans espérance, un monde qui n’enchante plus.

Nous sommes devenus otages de la surenchère médiatique qui nous transporte en quelques instants d’un bout à l’autre le la planète et d’une de ses urgences à l’autre, souvent sans contrôle ni discernement.

Jean-Pierre Elkabach évoquait dans La Croix du 11-12 avril la création d’un comité d’éthique dans la station radio qu’il dirige, Europe 1, pour éviter cette surenchère et l’exploitation quasi systèmatique des rumeurs de tous ordres, le plus souvent délétères, diffusées sur internet et reprises par certains medias et organes de presse. Ce fut le cas du triste SMS adressé à notre Président, qui valut l’indignation salutaire de Jean Daniel vis-à-vis de son propre journal. Ce fut le cas pour Mme Betancourt elle-même. Quel bon sujet ! En matière de presse, l’investigation effective devrait être la règle.

Dans une très récente interview télévisée, la mère de Mme Betancourt indiquait que la santé de sa fille n’était pas ce qu’on en avait annoncé. Qu’elle était faible, certes, mais pas à l’article de la mort, et certainement pas suicidaire.

Nous pouvons prier pour que soient libérés TOUS les otages, car la Liberté et l’intégrité de la personne sont les premières valeurs humaines. Mais nous devrions prier aussi pour que les actions menées par les autorités responsables le soient dans le silence et la discrétion sans lesquels aucun succès n’est possible.

Dans ce domaine comme dans bien d’autres, il importe de veiller à ne pas devenir otages du mensonge. C’est toujours sur le mensonge que sont fondées les manipulations, et sur les manipulations les dictatures.