
Toute honte bue, les medias ont abreuvé et abreuvent encore leurs journaux, leurs écrans, d’insoutenables images de chaos et de catastrophes. Le malheur est un spectacle qu’ ils imposent à tous ceux qui en sont épargnés. Ils prétendent nous informer : deux mots, deux images pourtant y suffiraient : pas la peine d’en rajouter.
J’imagine ce qu’à dû être l’arrivée à Port au Prince de tant d’équipes de presse, venues du monde entier, pour seulement filmer et raconter, en boucle, ce tragique évènement. Sur le terrain avant tous les autres, toujours les premiers, loin devant les secours espérés. Les empêchant, peut-être, de passer.
La guerre, le crime, la maladie, la catastrophe, tout malheur devient « pain bénit » pour les medias figés sur leur audience et leur recette publicitaire. Ils s’en régalent, mais ils ne sont pas les seuls. Trop d’intérêts lient le malheur des uns au « bonheur » des autres. Du général au particulier. Du fabricant au consommateur, des Etats à leurs citoyens.
Et c’est par leurs images et par leurs récits que passent ces intérêts, par le spectacle qu’ils donnent, mis en scène pour attiser au plus bas niveau le ressort de notre émotion.
A ce niveau, l’émotion qui a cette vertu de n’être que passagère, sollicite un temps notre attention, notre empathie et notre contribution. Sublimée, elle aboutit parfois à une forme de réflexion qui ne mène souvent qu’à l’écoeurement.