Les vies rêvées de Paul Auster : un cauchemar américain

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Je viens de retrouver avec bonheur  un auteur qui m’était cher, qui m’avait passionnée pendant la dernière décennie et que, sans raison apparente, j’avais depuis lors négligé.  Sans doute y suis-je revenue à cause du livre de sa femme,  évoqué ici en septembre dernier. C’est cela, la force des auteurs de livres :  ils nous lient.

Il doit être heureux, maintenant, Paul Auster. L’Amérique, avec une grande partie de monde,  encensent (mais pour combien de temps ?) son nouveau Président. Mais sans Dobleyou B, sans la guerre, sans la crise,  il n’aurait peut-être pas écrit son dernier roman. Ce n’est pas son meilleur, mais la première moitié vaut le détour. L’ univers austerien reste assez personnel, malgré l’emploi d’un procédé auquel les amateurs de science-fiction  sont rompus. Paul Auster demeure un témoin lucide, sinon désabusé du monde des hommes, avares trop souvent de leur  humanité.

J’ai trouvé dans cette lecture, mais dans bien d’autres choses encore,   une invite  à fermer ce bloc que je tiens depuis près d’un an. Il n’ était qu’un parmi d’autres, avec, même,  quelques affidés. Mais il faut du temps pour écrire, et celui que j’ai passé là m’a été, de ce temps-là, trop largement décompté.

Merci à tous mes cliqueurs,  lecteurs, zappeurs  et commentateurs. Ils me retrouveront peut-être un jour, ailleurs.

Etats-Unis : et si le gagnant annoncé par les news media n’était pas celui des gens ?

Allez !, comme dirait Ali Baddou ; je me vais faire encore plus bête que je ne le suis : matraquée de toutes parts par une Obamania qui finit immanquablement par agacer, je m’interroge sur ce que je ferais si j’étais Américaine et si, la semaine prochaine, je devais voter.  Eh bien il est probable que, par esprit de contradiction et par rejet quasi allergique de ce qu’on voudrait m’imposer, je voterai pour celui que la presse s’acharne à « jouer » perdant. John Mc Cain.

Je ferais un rapprochement idiot entre l’âge moyen des traders et autres harponneurs de fonds, les milliers de millions de dollars qu’il a fallut, qu’il faut encore, derrière eux,  injecter dans l’Economie, les centaines de millions que les candidats injectent dans leur campagne pour gagner à leur cause l’homme de la rue qui ne dispose le plus souvent que d’un salaire et d’une maison, quand il l’a encore et que des crédits véreux ne l’on pas mis hors de chez lui.

Le budget des campagnes est gigantesque : celui de John Mc Cain atteindrait 400 millions, dont 84,6 millions de subvention fédérale. Mr Obama, qui a refusé d’emblée cette subvention, préférant le support direct de ses soutiens, en aurait tout de même collecté plus de 600.

source Wikicommons
source Wikicommons

Enfin, si je comprends l’ambition d’un homme jeune et brillant à mener les destinées de son pays (Mr Obama), je ne suis pas indifférente à celle, apparemment plus forte encore, de son épouse. j’admire peut-être davantage, question d’âge sans doute,  le courage  d’un homme très mûr, meurtri mais pourtant apaisé, qui m’apparaît  poussé par l’urgence du devoir et de l’honneur plus que par l’ambition d’un pouvoir qu’il détient déjà : M. Mc Cain est riche, très riche et pourrait couler des jours heureux et tranquilles sans se charger d’un tel fardeau.

L’Amérique d’aujourd’hui, qui  ne ressemble plus guère et depuis longtemps déjà à celle que j’ai connue sera pour son dirigeant une charge si considérable par tant d’aspects, si risquée aussi pour le reste du monde,  que seul un vieux cuir bien tanné mais de bonne résilience pourra y faire face, tout au moins pour quatre ans.

Ces catastrophes que la Terre nous impose comme leçons d’humilité

Heureux les temps plus anciens où les nouvelles du monde ne nous parvenaient qu’avec lenteur, souvent après analyse, presque toujours avec mesure. Mais la mesure, aujourd’hui, est celle d’un monde immédiat et universel où chaque évènement peut-être vécu simultanément par tous ceux qui accèdent à l’information, soit aujourd’hui déjà près d’un milliard d’internautes, et près du quart de la population mondiale dans les trois ans à venir. La moitié de la population française est aujourd’hui connectée.*

La première décade de notre mois de mai offre à elle seule un panel de désastres assez terrifiant : cyclone meurtrier en Birmanie, tornades ravageuses aux Etats-Unis, puis un séisme majeur en Chine, dont les ondes continueront un certain temps à se propager avec autant de ruines et de détresses induites.

La liste ne sera jamais exhaustive de tous les malheurs qui nous assaillent, nous-mêmes et tous nos semblables, contre lesquels nous sommes le plus souvent complètement impuissants et dont la connaissance immédiate et redondante risque davantage, à terme, de nous incliner au repli plus qu’à la compassion à laquelle l’Espérance nous invite et que la Charité nous impose.

Il est probable que de tous temps et en tous lieux, la Terre a produit tout autant de ces éclats que nous avons très longtemps ignorés. Aujourd’hui, il suffit de se connecter à un site spécialisé (voir lien ci-contre) pour suivre pas à pas ces évolutions, qui sont considérables et terrifiantes, et dont les plus catastrophiques sont un tropisme juteux pour les medias, toujours avides de fournir à leurs spectateurs ce sang et ces larmes qu’apparemment ils attendent et qui les fascinent, tant il est vrai que la violence (et sa représentation) sont consubstantielles à notre nature** pour assumer notre combat vital et assouvir nos vanités.

Bien loin hélas de l’humilité que devrait nous imposer la conscience de notre fragilité. Celle de toutes ces vies perdues ou brisées, celles des autres, mais tout aussi fatalement les nôtres dont aucune n’échappe, quelque jour, à un malheur.

* étude Nielsen-MediaRatings pour JournalduNet (2007)

**voir Werner Balzer, La sensorialité et la violence in Revue française de psychanalyse, 70,2006,1