« Qu’a-t-il fait », Jean Le Fèvre d’Ormesson, gentilhomme, philosophe, écrivain, esthète et catholique ?

Cette question, qu’il se pose tout au long de son dernier livre,  appelle pour moi une réponse franche et immédiate : il a écrit. Pour le plus grand plaisir de ses nombreux lecteurs. Sans doute s’est-il beaucoup raconté, mais se racontant, c’est toute l’Histoire qu’il leur conte. L’histoire générale, l’histoire des sciences, des lettres et des arts, l’histoire du monde et celle des hommes. Il leur fait rencontrer un « milieu » qui n’est pas forcément le leur, qui les fait quelque fois rêver, que certains jalousent, que d’autres carrément récusent. Mais la Révolution est déjà passée, ne leur en déplaise. Les gentilhommes d’aujourd’hui travaillent et,  s’il leur arrive de réussir, c’est aussi, quelquefois, parce qu’ils ont du talent.

M. d’Ormesson aura eu, comme il l’a encore, le talent d’aimer la vie, d’aimer dormir, d’aimer rêver, d’aimer aimer. Certes, il a eu l’opportunité de le faire ; mais il a eu, comme il l’a encore, le talent de faire partager le fruit de sa curiosité insatiable : une culture d’honnête homme qui imprègne chacun de ses livres sans jamais la moindre afféterie, car il a la simplicité des grands.

Ce qu’il a fait : témoigner d’un temps qui n’est déjà plus le nôtre, mais auquel il s’est adapté. Eveiller des curiosités, attiser des élans, ouvrir des regards et, peut-être, des consciences. Il a tant aimé Chateaubriand qu’il a su, aussi, le faire aimer à d’autres. J’en suis. Qui sait si, sans ses évocations passionnées, j’aurais jamais eu cette ardeur à me plonger, m’y délectant, dans les Mémoires d’Outre-tombe ?

Château de Saint-Fargeau
Château de Saint-Fargeau

Je passe chaque été  par Saint-Fargeau pour me rendre en Bourgogne, et chaque fois ressens cette même émotion : c’était là le Plaisir de Dieu, autant dire un temps qui n’est plus. Dieu, dont Jean d’O ne craint pas de parler, car il est catholique, tout imprégné de ces valeurs chrétiennes qu’il a si bien rappelées l’hiver dernier aux Chrétiens de France pour sauver ceux  qui souffrent en Irak.

Je déplore pourtant qu’il consente encore,  par obligation sans doute, à se « produire » sur certains plateaux-télés où la laideur de l’environnement le dispute le plus souvent à la vulgarité tonitruante de l’animateur : que va-t-il faire dans ces galères ?