C’était la bonne et réjouissante nouvelle du jour : le triomphe de la Beauté sur le terrain bourbeux de la vulgarité. Face au public hilare d’un plateau-télé, Susan Boyle, une femme ordinaire, sans âge et sans attrait, s’avance devant un jury d’animateurs acerbes et se met à chanter (I dreamed a Dream). Elle ne pouvait pas mieux rêver.
A la seconde où le pur cristal de sa voix s’élève sur la salle, les visages des « juges » se figent, stupéfiés, le rictus déjà formé pour un rire perfide et gras retombe comme un soufflé sur leurs faces devenues soudain graves, émues et transcendées par la Beauté inattendue d’une voix sublime au chant parfait.
La Nature tend vers l’équilibre, et rares sont ceux à qui tout est donné. En bien ou en mal. Mais qu’importe après tout l’apparence : une voix n’est visible que pour le coeur, et la beauté en chasse tous les miasmes et tous les maux.
C’est donc pur bonheur de voir, quelle qu’en soit l’occasion, l’humilité descendre sur des êtres confits dans cette Foire aux vanités et malgré eux monter vers ces hauteurs qui tous, nous dépassent et nous appellent à Dieu.