La pollution est aujourd’hui partout. En premier lieu dans l’air que la plupart des citadins respirent. Mais ce qu’on en représente finit par agacer. Va pour les cheminées d’usines, de cimenteries et autres pots d’échappement diffuseurs de substances toxiques, mais qu’on cesse enfin de produire à son sujet l’image récurrrente des tours de refroidissement de centrales nucléaires : si elle polluent le paysage, elles n’émettent pourtant rien d’autre que de la vapeur d’eau !
La vraie pollution est ailleurs, dans les esprits déjà corrompus par l’air du temps. Ce temps que tout le monde qualifie de détraqué, mais qui l’est surtout pour cette partie du monde, la nôtre, qui devra renoncer à tout ce que depuis bien longtemps elle gâche et gaspille pour assouvir toujours plus de désirs que de véritables besoins.
Chacun aujourd’hui se lamente sur le sort de notre petite planète et tout est fait pour susciter notre émotion sur le sort des plus mal lotis, sous d’autres latitudes, victimes quasiment expiatoires du désordre climatique généré par tous nos excès, dont les déforestations sont loin d’être le moindre.
Sans doute est-il heureux que tant de Chefs d’Etats essaient ces jours-ci de trouver, à Stockholm, des remèdes à ces dérèglements que certains Terriens plus que d’autres ont contribué à amplifier. Ceux-là même qui jouent à qui perd gagne sur le terrain de nos Economies ou plutôt sur le cours des valeurs côtées que sont devenus, dans toutes les Bourses du monde, les matières et produits de toute la Terre.
Le gain, le profit, l’argent en somme asservit et enchaîne sans limite quelques poignées d’humains guidés par la satisfaction de leur propre désir de puissance, grisés par leurs capacités et par l’opacité du vide où s’est égaré leur esprit que rien d’élevé n’éclaire ou ne motive. Et surtout pas la vie des autres hommes et de leur terre. En quelques clics se joue sur les écrans de leurs traders le sort de milliers de gens anonymes, de constructions, de logements, d’entreprises, de plantations, d’exploitations, de cultures dont la finalité ne représentent pour eux et leurs semblables qu’un seuil de profit toujours fixé plus haut.
Pour ceux-là, toujours avides de fructueux marchés, les moyens mis en oeuvre pour rechercher et développer de nouvelles énergies ou changer nos comportements ne représentent en fait que des opportunités, des indices, des enjeux financiers sur lesquels prospérer, à nos propres dépens souvent mais plus gravement encore à celui de pays et d’Etats tout entiers.
A l’instar du Veau d’Or masquant l’impatience d’Aaron, la « pompe à phynance » * n’a pas fini de fonctionner, mais il nous reste à espérer que l’Esprit de Justice et de Vérité viendra éclairer les âmes de ceux qui, à Stockholm et partout ailleurs, tenteront de la réguler.