Je m’étais intéressée, il y a déjà plusieurs années, à cette « manne économique » que représente le travail bénévole des retraités. Des études sérieuses ont été faites sur le sujet, qui sont je crois assez éloquentes : en 2002, le poids de l’activité bénévole représentait près de 820.000 emplois (équivalents temps plein) comme on peut le lire dans le rapport de Lionel Prouteau (« La mesure et la valorisation du bénévolat », Colloque Addès, juin 2006)
Actifs ou retraités, nous sommes tous, ou presque, des travailleurs bénévoles, puisque c’est ainsi que l’on qualifie ce que l’on fait pour d’autres, au gré de notre « bon vouloir » comme l’indique le terme lui-même. Un bon vouloir qui en principe n’attend rien en retour de ce don de soi-même, cette aide et ce partage nourris d’échanges, de sollicitude ou de compassion selon l’objet de la mission et la fonction du « donateur ». Un bon vouloir qui est (ou devient) parfois pour certains un travail à temps plein et une aubaine pour ceux qui l’utilisent sans le moindre débours.
Cette manne assez considérable permet le fonctionnement d’une majorité d’associations voire d’organisations qui ne sont pas toutes, tant s’en faut, charitables et qui, sans la gratuité du travail bénévole, ne pourraient tout simplement exister.
Dans un monde régi par l’argent, on ne peut donc que s’en réjouir. Pour autant, l’argent semble plus facile à trouver que le temps. Dès lors qu’ils sont sollicités pour une « bonne cause », la plupart des gens se font donateurs – mais pas forcément bénévoles-, même si, en temps de crise, leurs budgets se restreignent, comme le redoutent la plupart des associations. Celles-ci n’hésitent plus, d’ailleurs, à recourir aux méthodes des entreprises, en « recrutant » des donateurs, tout autant que des bénévoles, à l’aide de personnels ….rémunérés.
Dans ce qui est devenu aujourd’hui un véritable « marché solidaire », on ne peut que louer l’abnégation, le mérite mais aussi la valeur de ceux qui donnent, de l’argent ou d’eux-mêmes, sans intérêt ou, au plus, celui d’une simple reconnaissance, voire d’un statut qui n’ôtent rien à la générosité de leur démarche. Car c’est bien là une valeur considérable, qui permet de générer des profits qui, d’une façon ou d’une autre, se répartissent. Même si ce n’est pas toujours vers les plus nécessiteux.