Au secours de Pierre Etaix, pour que vole son « papillon »

Pierre etaix au Pont tournant, Bordeaux, 23-26 janvier 2010

On croyait enfin réglés les déboires de ce vieil artiste et ses films à nouveaux visibles. Las, il n’en est rien. Il semble que « Yoyo » soit encore bloqué par l’appel de ses détenteurs. Une vilaine histoire de droits, que j’avais déjà  relatée ici.

Son avocat aurait porté l’outrecuidance jusqu’à lui réclamer, me dit-on, la somme de ses honoraires. C’est lourd quand on est fauché, et qu’on est bien obligé, à plus de quatre vingts ans, de gagner sa vie. Une vie qui n’a pourtant pas démérité et dont l’ensemble des créations devrait au moins lui permettre de jouir d’un certain repos sinon d’une certaine aisance.

Cette question de « droits » est sordide.  Qu’en est-il du droit de l’auteur ?

Jean-Michel Guenassia dont j’évoquais hier le bel ouvrage nous livre des pages superbes sur la vieille cinémathèque parisienne, rue d’Ulm, où les lycéens de mon âge ont fait leurs plus immenses découvertes et tant de  cinéastes leurs premières armes. J’ignore si l’on peut encore voir les films de Pierre Etaix, mais si c’est le cas, il n’en tire aucun avantage et pas le moindre centime.

Le voir sur les planches est aujourd’hui  tout ce  qui reste à son public et son talent n’a pas changé. Certains de toute évidence attendent qu’ils soit mort pour en tirer bénéfice : ils sont détenteurs de ses droits. Ne leur rendons pas ce service : Pierre Etaix est ICI ET IL EST TOUJOURS  VIVANT !

Charité, communication et bureaucratie

Novembre est un mois de campagne pour la plupart des organisations charitables, à commencer par l’Eglise elle-même et la communication représente aujourd’hui ces « fourches caudines » sous lesquelles elles sont bien obligées de passer puisque, dans le vacarme médiatique, il faut bien essayer de se faire entendre.

Je ne reviendrai pas sur l’aspect financier que cela représente, il fait partie de l’ensemble, et il est nécessaire.

Pour autant, communiquer signifie d’abord atteindre, et en premier lieu, les parties prenantes. Celles qui mettent en oeuvre ce qui est annoncé. Encore faut-il pouvoir les joindre, au bon endroit.

bureau (wikicommons)Mettre à jour les fichiers d’adresses, de personnes relève d’une bureaucratie que la plupart de ces associations (et pas seulement)  négligent, ce qui devient, à terme non seulement coûteux mais plus encore frustrant, voire décourageant pour ceux, les bénévoles, qui « font le boulot » et que les « bureaucrates » semblent ne pas entendre.

Il en est ainsi, dans ma région,  du site du Secours Catholique de Haute-Vienne, où des antennes locales ont changé de lieux, de personnes  mais dont les coordonnées,  largement signalées par ailleurs, n’ont jamais été modifiées. Les visiteurs, usagers ou partenaires pressés tombent invariablement sur des données périmées et inexploitables.

Quant à la Banque Alimentaire locale, qui malgré plusieurs interventions, ne parvient pas encore à adresser ses courriers au bon endroit, elle peine à prendre en compte le travail accompli par certaine association* qu’elle invite à participer à la prochaine campagne, alors même qu’elle est, depuis longtemps,  une des plus actives en cet endroit où elle recrute et déploie de nombreux bénévoles.

Faire fonctionner les associations est un enjeu que j’ai maintes fois évoqué ici. Sans doute certains responsables salariés de ces associations  sont-ils comme ailleurs « débordés ». Sans doute encore la « Charité » est-elle plus ou moins devenue un « business » comme un autre : il serait temps, peut-être, d’en rentabiliser les coûts. Par égard pour les bénévoles, mais surtout pour les donateurs que sans cesse on sollicite et qui sont la manne des fonds caritatifs.

*plus de 2 tonnes d’aliments collectées à Nexon pour la campagne 2008 par les bénévoles du Secours Catholique et la Croix Rouge

 

 

 

L’Europe aux couleurs Nature, une bonne nouvelle !

Europe, verte et bleue
Europe, verte et bleue

Réjouissons-nous, l’Europe sera verte et bleue, aux couleurs de l’Eau, aux couleurs du ciel. Les projets construits ont triomphé de tous les discours creux, de l’opposition stérile, des vanités perfides, des attaques personnelles systématiques et de leur exténuante redondance. On nous dit que c’est la première fois, depuis quarante ans, qu’une majorité présidentielle franchit positivement le cap d’une telle élection. Ce n’est pas un hasard, mais une conséquence. Celle du travail accompli par une « politique d’ouverture », la volonté, le courage et la ténacité de l’avoir initiée en sollicitant, là où elles se trouvaient, des compétences,   des énergies que d’autres n’auraient pas exploitées parce qu’elles n’étaient pas « de leur camp ». M. Sarkozy, moqué, agoni voire maudit de toutes parts depuis son élection  a donc indirectement triomphé de tous ses détracteurs : le bon sens existe donc encore, en France. C’est une bonne nouvelle. Même si trop de suffrages n’ont pas été donnés.

Je pense ici à tous ces peuples qui rêvent de démocratie, de  liberté, celle  de voter pour d’autres candidats et d’autres programmes que ceux que leurs pays imposent. Ils seront de plus en plus  nombreux encore, ces migrants excédés de conflits, d’injustice, de misère qui se ruent sur nos terres de Paix et de prospérité. Ils savent bien, eux, ce qu’est l’Europe et ce qu’elle signifie. Dommage que chez nous comme ailleurs on ne s’en soucie guère. Ou pas assez bien.

Petits et grands profits du travail bénévole

Je m’étais intéressée,  il y a déjà plusieurs années, à cette « manne économique » que représente le travail bénévole des retraités. Des études sérieuses ont été faites sur le sujet, qui sont je crois assez éloquentes : en 2002, le poids de l’activité bénévole représentait près de 820.000 emplois (équivalents temps plein) comme on peut le lire dans le rapport de Lionel  Prouteau (« La mesure et la valorisation du bénévolat », Colloque Addès, juin 2006)

Actifs ou retraités, nous sommes tous,  ou presque,  des travailleurs bénévoles, puisque c’est ainsi que l’on qualifie ce que l’on fait pour d’autres, au gré de notre « bon vouloir » comme l’indique le terme lui-même.  Un bon vouloir qui en principe n’attend rien en retour de ce don de soi-même, cette aide et ce partage nourris d’échanges, de sollicitude ou de compassion selon l’objet de la mission  et la fonction du « donateur ». Un bon vouloir qui est (ou devient) parfois pour certains un travail  à temps plein et une  aubaine pour ceux qui l’utilisent sans le moindre débours.

Cette manne assez considérable permet le fonctionnement d’une majorité d’associations voire d’organisations qui ne sont pas toutes, tant s’en faut, charitables et qui,  sans la gratuité du travail bénévole, ne pourraient tout simplement exister.

Dans un monde régi par l’argent, on ne peut donc que s’en réjouir. Pour autant,  l’argent  semble plus facile à trouver que le temps. Dès lors qu’ils sont sollicités pour une « bonne cause », la plupart des gens se font donateurs – mais pas forcément bénévoles-, même si, en temps de crise, leurs budgets se restreignent,  comme le redoutent la plupart des associations. Celles-ci  n’hésitent plus,  d’ailleurs,  à recourir aux méthodes des entreprises, en « recrutant » des donateurs, tout autant que des bénévoles,  à l’aide de personnels ….rémunérés.

Dans ce qui est devenu aujourd’hui un véritable « marché solidaire », on ne peut que louer l’abnégation,  le mérite mais aussi la  valeur de ceux qui donnent, de l’argent ou d’eux-mêmes, sans  intérêt ou, au plus, celui d’une simple reconnaissance, voire d’un statut qui n’ôtent rien à la générosité de leur démarche. Car c’est bien là une valeur considérable, qui permet de générer des profits qui, d’une façon ou d’une autre, se répartissent. Même si ce n’est pas toujours vers les plus nécessiteux.

La vie des autres : un tour du malheur rédempteur

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Vanité (Franz Hals)

Je ne connaissais rien, nul n’est parfait, d’Emmanuel Carrère* dont j’avais pourtant abondamment fréquenté les écrits de la mère, Hélène (Carrère)- d’Encausse. J’ignorais encore (merci Google) qu’il avait scénarisé cet étonnant roman de Béatrix Beck, Léon Morin prêtre  il y a tout juste dix ans et que j’évoquais ici il y a quelques jours encore.  J’ai bien failli laisser en route ce livre qu’on m’a prêté : le malheur, auquel je n’ai pas échappé moi-même m’entoure déjà suffisamment,   et j’ai toujours évité,  en littérature,  le réel qui submerge déjà  nos magazines, nos ondes et nos écrans jusqu’à la nausée.

Il y a pourtant,  dans ce petit livre, autre chose qu’un poignant récit qui vaut pour certains de le lire, et d’en sortit, peut-être,  éclairés.  Le chapitre consacré à la Justice,  de la formation  à la fonction des juges et à leurs comportements contrastés est de ce point de vue  particulièrement édifiant et cru, comme la mise en lumière des dégâts causés par les crédits renouvelables,  producteurs d’une évitable misère souvent soulignée ici.

A l’instar d’un Thierry Bizot qui redécouvrait, par-delà  l’Eglise, l’amour divin, ou de ces hommes de lettres, de spectacle ou de medias  dont les vies semblent si éloignées de celle des gens ordinaires, qu’ils relatent ou exhibent pourtant abondamment, notre auteur  est confronté, dans son entourage, à ces malheurs inéluctables que provoquent les cataclysmes,  le cancer, la dégradation,  la mort et, par relation interposée, la misère quasiment programmée. Mais au-delà de cette confrontation, c’est à la demande d’en faire le récit, par les protagonistes eux-mêmes, qu’il doit faire face.

De l’ analyse dans laquelle il doit se plonger pour relater ces histoires tragiquement vraies jaillit,  pour l’homme qui les raconte, la mesure  de ses propres limites,  une nouvelle perception du sentiment, et en quelque sorte, sa propre rédemption.

Rien n’est à négliger de ce qui peut rendre meilleur. Porter le nom d’Emmanuel aurait pu l’y mener plus tôt.

* d’autres vies que la mienne, P.O.L., Paris, 2009 ; 310p

voir aussi :

http://www.republique-des-lettres.fr/10724-emmanuel-carrere.php

Violence et destruction, immuables et diaboliques adversaires des Hommes de Bonne Volonté

Ce dimanche des Rameaux, les églises étaient pleines de paroissiens – et qu’importe qu’ils fussent seulement  de passage- venus écouter cet éprouvant récit de la Passion de Jésus-Christ par lequel commence la Semaine Sainte.  Une triste semaine où s’affichent et se réitèrent depuis deux mille ans  les constantes de notre Humanité, dans toutes les nuances qui  peuvent la mener du zèle  au reniement et à  la pire violence qui soit : le supplice et la mort.

Ce même dimanche, des casseurs patentés sèment  dans et autour de  Strasbourg la terreur et la  destruction, avec la dernière lâcheté,  cachés sous des capuchons et autres tenues de combat qu’ils s’empressent d’abandonner dans les buissons pour reprendre en fuyant l’allure d‘étudiants qu’ils n’ont probablement jamais été. Il est vrai que l’anomie ne peut engendrer ni  douceur ni autre consensus que celui de détruire, par tous les moyens, tout ce qui justifie pourtant la vie des autres. On finit pourtant par se demander si l’anomie n’est pas en train , pour près de la moitié des Français encouragés peut-être par l’attitude de certains leaders d’opinion, de devenir la norme : ils comprennent la violence (en temps de crise) et  approuvent la séquestration de patrons et de dirigeants nous dit un récent sondage.

Au Rwanda,  lundi, on « commémore », avec  les radios françaises  en première ligne, (avant la grève d’aujourd’hui pour nos antennes nationales) le sinistre génocide causé voici 15 ans dans ce  pays par un groupe humain sur un autre, diaboliquement exterminé. Les plaies de tels massacres ne sont, ne seront jamais refermées. La liste en est aussi longue que l’histoire de l’humanité.

Le même jour, 6 avril, la Terre se met à trembler si près de chez nous, en Italie, ce qu’elle fait couramment partout, mais qui devient une véritable tragédie humaine quand les fractures  se produisent dans les lieux habités. Ce ne sont pas les hommes qui créent ce genre de malheurs qui les dépassent.  Les Anciens  vouaient aux Dieux ce dont la Nature seule est la cause. Aujourd’hui encore certains se demandent pourtant si….le Diable s’en est réjoui.

Triste semaine pour ceux qui croient en Dieu et attendent ce troisième jour ou Christ est ressuscité, après être descendu aux Enfers pour nous livrer la Bonne Nouvelle de l’Espérance.

Ne pas se lasser d’espérer qu’enfin, un jour,  règne Sa Paix.

Ce n’est pas la vidéo-surveillance, qui est liberticide, mais la conduite des hommes eux-mêmes

No comment
No comment

Si l’on doit en arriver là, ce qui peut sembler dommage, ce ne sera qu’une des conséquences logiques et raisonnables d’un triste constat :  dans notre monde sans limite, tout peut arriver, même le pire (qui  pourtant n’est jamais certain).

Le vieux poncife, redoutable, suivant lequel « la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres » n’ayant plus cours et depuis fort longtemps, on ne peut s’étonner qu’une telle mesure, qui fait par ailleurs ses preuves,  soit à l’ordre du jour. A défaut de de cette autorité qui l’aurait, peut-être, prévenu, voire empêché, aurons-nous du moins de ce délit récurrent qui empoisonne la vie de tant de citadins : l’insulte, la bousculade, voire l’agression, la preuve qui permettra de le sanctionner, de le décourager peut-être et in fine de l’éviter.

Je m’étonne que, dans ce monde  orwelien qui est peu ou prou devenu le nôtre,  l’on puisse encore s’indigner devant un procédé qui n’est qu’un parmi tous ceux qui depuis longtemps nous tracent : téléphones portables, distributeurs automatiques, caisses enregistreuses, ordinateurs, réseaux sociaux, décodeurs TV même, sans compter les nombreux fichiers dans lesquels nous nous sommes inscrits nous-mêmes et où tout de nous, déjà, est connu. C’est encore un combat d’arrière garde, une salve de désespoir tirée par des vaincus.

Le vrai combat serait ailleurs, dans une limitation de l’égo qui laisse rappeler à chacun que : non, il n’est pas seul. Il y a aussi les autres. Il faut veiller au moins à en tenir compte. Mais face à l’ampleur du désastre, il faudra veiller longtemps.

Pauvre à crédit, suite : le nouveau piège des banques

J’ai eu la bonne inspiration d’aller  hier chez le coiffeur : dans ce dernier salon où l’on cause, j’ai appris que rien (et surtout pas la crise) ne pouvait freiner la rapacité des banquiers.

dangereux (wikicommons)Une de nos grandes banques (que je ne nommerai pas, mais les autres la suivent) a sorti l’été dernier, en plein focus sur les dérives du crédit renouvelable, un nouveau gadget : la carte de paiement alterné. Il faudra être vigilant en sortant sa Visa et préciser la bonne case de paiement : comptant ou à crédit. Car ce crédit (renouvelable) sera tout aussi (ou presque) ruineux que celui qui a mis l’Américain moyen par terre et avec lui tout un système.

Le scandale, car c’est véritablement un scandale, est qu’il est quasiment impossible aujourd’hui d’obtenir un prêt, beaucoup moins rentable pour ceux qui sont censés les octroyer que l’offre permanent de renouvellement.

Mon audience étant extrêmement limitée et les commentaires à mes billets presque inexistants, je gage que cette alerte, que je voudrais écrire en rouge, aura bien peu d’effets. Las ! une protestation massive serait pourtant opportune, quand de part et d’autre de l’Atlantique on cherche à coup de milliards, à renflouer une économie croulant sous la perversité.

Je n’aurai qu’un mot, un conseil : surveillez vos arrières,  vos arrierés et surtout faites vos comptes !

Le refus de croissance, un luxe impossible pour ceux qui n’ont rien

Ce qui fut,  depuis au moins quarante ans, une mode limitée à quelques groupuscules de contrôler voire  rejeter  toute forme abusive de Consommation,  serait en passe de devenir un modèle de comportement pour des tranches de plus en plus étendues de Français, et pas seulement.

Hierarchie des besoins humains, dite Pyramide de Maslow
Hierarchie des besoins humains (Pyramide de Maslow)

Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, en temps de crise- et celle que nous n’avons pas encore fini de vivre promet d’être assez fameuse – « l’objection de croissance » ne concerne que les mieux nantis. J’ai encore à l’esprit ce vieux souvenir, la fameuse pyramide de Maslow qui définit,  en quelque sorte, la gradation des besoins humains.

L’impact de l’Ecologie, (suivant Haeckel) indépendamment des enjeux politiques qu’elle représente et dont je me garderai bien de parler ici, a tout de même fini par se faire sentir comme en témoigne le récent rapport Mc Kinsey.  Je ne peux que m’en réjouir, n’ayant jamais été moi-meme adepte ni usager de toutes sortes de gaspillages.

Gaspillage est le terme le plus approprié pour définir la plupart de nos comportements pendant les cinq dernières décennies, en terme de consommation d’énergies, de matières ou d’objets et certainement plus encore de potentiels humains. Mais en revenir,  comme cela semble être en cours aujourd’hui signifie aussi en avoir déjà largemet profité.

Je ne peux donc m’empêcher de penser ici à ceux qui, au bas de l’échelle, ont toujours faim,  n’ont pas d’eau (et moins encore courante) ni même de lieu fixe  et surtout  paisible où ils pourraient tenter de vivre, fût-ce seulement sur leur propre modèle, celui d’une culture qui ne sera jamais la nôtre. Certains sont déjà dans ce cas chez nous, je les évoqués  ici. Ils ne demanderaient pas mieux, certains d’entre eux du moins, que de pouvoir  « consommer » ne fût-ce que a minima.

Comme le chantait Léo Ferré il y a si longtemps déjà, « les temps sont difficiles…. ». C’était à l’époque où la Chine, une grande partie de l’Inde dormaient encore.  Si pour elles  les temps sont devenus et deviendront encore (probablement)  meilleurs, c’est bien à leur croissance qu’elles le doivent.  C’est généralement le cas de tous les pays qui peuvent offrir à la plus grande partie de leurs habitants un certain niveau de bien-être et de prospérité qui ne s’épanouissent à terme que dans la paix et un certain nombre de libertés.

Si le tropisme exercé sur le monde par l’Orient est en voie de supplanter celui de l’Occident,  il me semble (bien modestement) beaucoup plus opportun de modifier notre type de croissance que de souscrire à son refus.  Les conséquences n’en paraissent que trop évidentes. en tous cas pour nous.

Les « Habits neufs » du Secours Catholique

Simon Leys me pardonnera je l’espère un titre un peu tapageur, compte tenu de ce qu’il évoque, car il n’y a certes ici aucun tapage à annoncer.

Une remise en ordre peut-être. Et à l’heure où le seul mot de « Catholique » finit, dans un déplorable amalgame, par  être plutôt stipendié, il me semble opportun de donner de l’écho à cette mission concrètement charitable, ancrée tout à la fois dans la réalité politique et sociale et dans celle, infiniment ouverte et tolérante, du message ecclésial d’amour du prochain.

Une mission redéfinie depuis un an par son Président, François Soulage et qu’il a dernièrement, dans  mon journal préféré, fort bien rappelée.

La très large part qu’y prennent nombre de personnes de mon entourage m’y invite aussi, car il semble que, bien trop souvent encore, la notion de charité chrétienne demeure assez obscure pour tout un chacun. La définition d’un bénévole me semble de ce point de vue appropriée : « la charité chrétienne, c’est l’amour de Dieu en action« . L’action ne concerne évidemment pas, ici, la seule aide matérielle ou morale  généralement offerte à chaque personne brisée, mais bien, et c’est là toute la différence, la recherche, en lui, de son humanité.

On a longtemps considéré, et c’est encore le cas dans certaines provinces, que l’oeuvre charitable émanant de  bonnes personnes ne s’adressait d’abord qu’à leurs protégés, jugés par elles dignes de recevoir leur aide et, parfois, leur attention. De ce point de vue, les catholiques ne sont plus,  et depuis bien longtemps, ce qu’ils étaient. Sans doute trouve-t-on encore chez certains intégristes de tels ouvroirs et de  tels censeurs. Je renvoie mes lecteurs au poids de souffrance que ceux-ci infligent encore à notre Eglise.

Le bénévoles du secours catholique, aujourd’hui, sont gens de tous âges, origines et conditions. Ils ont pour mission première de chercher, jusque dans le dernier des exclus, le rebut, le barbare de notre société cette lumière souvent aveugle qui subsiste  chez certains d’entre eux, ce fil ténu qui les relie encore à leur nom d’Homme, dans un monde qu’ils ont rejeté ou qui les a bannis.

C’est donc bien au-delà de l’aide matérielle, souvent substantielle qu’on accorde en général aux malheureux,  que se situe la mission des bénévoles du Secours Catholique.  La nécessité de cette aide leur est dans la plupart des cas signalée par les services sociaux  qui en jugent sur d’autres critères. Il en faut. Tout autant que, budget oblige, il faut pour ces services que la morale s’en mêle. Celle d’une justification. D’un seuil social de pauvreté.  Hors de ce cadre, toutes les charités sont bienvenues, qui donnent. Mais la détresse, pour un catholique, se mesure aussi sur d’autres critères que ceux  de budgets ou de dons requis.

Il y a, face à la Misère, quelque chose d’autiste, un double regard qui fuit.

Grâce soit donc rendue ici à tous ceux qui ont cet élan, ce courage, cette Foi qui leur permet d’aller vers ces gens de la rue, dont j’ai déjà parlé ici,  les plus meurtris, les plus repoussants de cette lie humaine qui nous afflige,  nous indigne ou nous questionne et qui le plus souvent  rejette une aide jugée par d’autres nécessaire.

Grâce  leur soit rendue ici de regarder les pires d’entre eux,  de chercher dans ces visages, ces discours fracassés la trace de ce qu’ils ont été, qu’ils n’ont pourtant pas cessé d’être, ailleurs, ici : ceux de tous les hommes, universels enfants de Dieu.