Simon Leys me pardonnera je l’espère un titre un peu tapageur, compte tenu de ce qu’il évoque, car il n’y a certes ici aucun tapage à annoncer.
Une remise en ordre peut-être. Et à l’heure où le seul mot de « Catholique » finit, dans un déplorable amalgame, par être plutôt stipendié, il me semble opportun de donner de l’écho à cette mission concrètement charitable, ancrée tout à la fois dans la réalité politique et sociale et dans celle, infiniment ouverte et tolérante, du message ecclésial d’amour du prochain.
Une mission redéfinie depuis un an par son Président, François Soulage et qu’il a dernièrement, dans mon journal préféré, fort bien rappelée.
La très large part qu’y prennent nombre de personnes de mon entourage m’y invite aussi, car il semble que, bien trop souvent encore, la notion de charité chrétienne demeure assez obscure pour tout un chacun. La définition d’un bénévole me semble de ce point de vue appropriée : « la charité chrétienne, c’est l’amour de Dieu en action« . L’action ne concerne évidemment pas, ici, la seule aide matérielle ou morale généralement offerte à chaque personne brisée, mais bien, et c’est là toute la différence, la recherche, en lui, de son humanité.
On a longtemps considéré, et c’est encore le cas dans certaines provinces, que l’oeuvre charitable émanant de bonnes personnes ne s’adressait d’abord qu’à leurs protégés, jugés par elles dignes de recevoir leur aide et, parfois, leur attention. De ce point de vue, les catholiques ne sont plus, et depuis bien longtemps, ce qu’ils étaient. Sans doute trouve-t-on encore chez certains intégristes de tels ouvroirs et de tels censeurs. Je renvoie mes lecteurs au poids de souffrance que ceux-ci infligent encore à notre Eglise.
Le bénévoles du secours catholique, aujourd’hui, sont gens de tous âges, origines et conditions. Ils ont pour mission première de chercher, jusque dans le dernier des exclus, le rebut, le barbare de notre société cette lumière souvent aveugle qui subsiste chez certains d’entre eux, ce fil ténu qui les relie encore à leur nom d’Homme, dans un monde qu’ils ont rejeté ou qui les a bannis.
C’est donc bien au-delà de l’aide matérielle, souvent substantielle qu’on accorde en général aux malheureux, que se situe la mission des bénévoles du Secours Catholique. La nécessité de cette aide leur est dans la plupart des cas signalée par les services sociaux qui en jugent sur d’autres critères. Il en faut. Tout autant que, budget oblige, il faut pour ces services que la morale s’en mêle. Celle d’une justification. D’un seuil social de pauvreté. Hors de ce cadre, toutes les charités sont bienvenues, qui donnent. Mais la détresse, pour un catholique, se mesure aussi sur d’autres critères que ceux de budgets ou de dons requis.
Il y a, face à la Misère, quelque chose d’autiste, un double regard qui fuit.
Grâce soit donc rendue ici à tous ceux qui ont cet élan, ce courage, cette Foi qui leur permet d’aller vers ces gens de la rue, dont j’ai déjà parlé ici, les plus meurtris, les plus repoussants de cette lie humaine qui nous afflige, nous indigne ou nous questionne et qui le plus souvent rejette une aide jugée par d’autres nécessaire.
Grâce leur soit rendue ici de regarder les pires d’entre eux, de chercher dans ces visages, ces discours fracassés la trace de ce qu’ils ont été, qu’ils n’ont pourtant pas cessé d’être, ailleurs, ici : ceux de tous les hommes, universels enfants de Dieu.
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