Il y avait matière à entendre, ce matin, sur France-Culture. Dominique Voinchet recevait aux Matins les auteurs d’un livre qui n’a, malheureusement sans doute, pas vocation à devenir un best-seller : La Grande exclusion. Xavier Emmanuelli et Catherine Malabou ont réuni dans cet ouvrage les éléments qui les amènent à redéfinir l’exclusion, vocable trop malmené qui assimile à tort les autres vocables tout aussi usités que sont la pauvreté, la très grande pauvreté dont les origines sont diverses, mais pas nécessairement les mêmes.
L’aspect médical que les auteurs confèrent à ce qui devient l’exclusion n’avait semble-t-il jamais été véritablement abordé : le cheminement qui mène de la perte de revenu, de l’environnement social puis à celle du logement pour mener à la rue est bien connu. Mais la « mécanique » qui s’enclenche chez un individu après quelques semaines seulement de séjour à la rue dessine ici un ensemble de symptômes connus séparément mais rarement appréhendés dans leur ensemble. Ce syndrome clinique ne manquera pas d’interpeller tous ceux qui oeuvrent à l’aide, l’écoute, l’assistance, le soutien ou la réinsertion des personnes qui en sont atteintes et dont le premier critère est un traumatisme de l’âme.
S’il est intéressant de voir analyser cet aspect psychologique et psychiatrique des « sujets » exclus, et quels que soient les voies de remède apportées, la chrétienne que je suis ne peut manquer de noter dans la présentation de cette étude l’absence totale de référence ou liens spirituels et de la « nourriture » qu’ils représentent.
Bien des gens se sont retrouvés ou se retrouveront possiblement à la rue. Tous ne sont pas ou ne deviendront pas des exclus. Parce qu’une réminiscence, ou une voix, ou un discours d’Espérance se sera pour eux fait entendre, au-delà, bien au-delà de l’aide ou du soin apporté.
La maladie de la mort, pour emprunter à Mme Duras, c’est d’abord un manque d’espérance. Etre exclus, c’est d’abord être mort à soi-même, à sa propre humanité et à toute forme de Foi, et d’Espérance.
N’en déplaise à tous les athéologues et autres déicitaires, comme les nomme judicieusement « Monseigneur » Piero de Paoli, déjà évoqué ici.