Sale temps pour Claude Allègre, et pour le bon sens !

 

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Digue d’Ostende, par Luc Viatour

Claude Allègre était hier invité chez Guillaume Durand, comme « Objet de scandale » et je ne comprendrai décidément jamais ce que viennent faire les gens sérieux sur certains plateaux-télé, où  l’art des animateurs consiste à leur éviter de finir leurs phrases, et donc de se justifier.

Mais en fin de compte, le jeu de Guillaume Durand pour le dérouter fut assez habile et Claude Allègre assez madré pour en tirer, à terme,  quelque avantage de plus à l’écoute qu’il suscitait déjà.  Il est apparu clairement au spectateur doué de raison que le fin fonds de tout le problème de ces catastrophes que l’on ne peut éviter réside avant tout dans le gâchis de tout ce qui nous informe à grand prix sans être suivi de l’ACTION concrète et urgente que cette connaissance impose.

Le bon sens n’est plus de saison, je m’époumonne ici à le répéter, ce que fait d’une autre manière M. Allègre, comme l’an passé Laurent Cabrol, puis  tant d’autres avec lui. Et c’est bien là que réside l’imposture qu’il dénonce et qui agite notre dénommé « Journal de référence » (ce n’est pas La Croix, dommage) où les commentaires sont souvent savoureux.

Le catastrophisme ambiant n’est rien qu’une nouvelle culture de soumission, à l’instar de toutes les modes qui viennent, et passent. Mais celle-là ne semble pas près de lasser.

La Nature, qui n’est pas nécessairement bonne ni stable, tend cependant  vers l’équilibre. Certaines espèces, dont l’Homme, peuvent s’adapter à ses caprices. C’est toute la démarche de la connaissance, du progrès et des solutions que quelques  hommes peuvent apporter. D’autres espèces, dont certains  hommes, n’y parviennent hélas  jamais.

Journaliste (F. Aubenas)ou philosophe (BHL) : l’expérience contre le discours

Florence Aubenas était ce matin l’invitée de Marc Voinchet, animateur des Matins. Son dernier livre « Quai de Ouistreham » en a fait d’ailleurs, depuis sa sortie,  l’invitée de tous les plateaux et colonnes.  Il n’y a pourtant rien de nouveau dans sa démarche : Simone Weil, Madeleine Delbrel et tant d’autres se sont immergés, pour les comprendre et les soulager,  dans des vies qui n’étaient pas les leurs. Aujourd’hui et pour quelques temps, Florence Aubenas devient un nouveau centre d’intérêt du microcosme médiatique. Comme le fut, il y a quelques jours encore, le jalousé  Bernard Henri-Lévy. Pensez-donc : une journaliste qui fait, honnêtement,  son métier : 6 mois d’enquête sur le terrain obscur de la réalité,  si loin du confort et du conformisme germanopratins, il n’en faut pas moins pour susciter tant de curiosité, de doute et de suspicion.

Nos éditocrates des Matins, par ailleurs chroniqueurs patentés  qui émargent dans bien d’autres rubriques,  n’en sont pas encore revenus. D’abord qu’on ne l’ait pas reconnue quand elle s’est présentée, au Pôle emploi de Caen, sous sa véritable identité.  Mais quoi d’étonnant, en vérité.  Un agent du Pôle, face à la file d’attente et aux dossiers qui s’empilent peut-il imaginer un seul instant qu’une personnalité, quelle qu’elle soit, se soit glissée dans la peau d’une chômeuse en quête de n’importe quel emploi ? C’est oublier bien vite toute l’acuité de la fameuse « Lettre cachée ». L’évidence le plus souvent nous échappe. La réalité aussi, quand elle est traduite par ceux qui la commentent de loin.

Marc Voinchet, parangon de la culture Radio toujours si prompt à s’ imposer dans l’interview, ne parvient pas à comprendre que l’enlèvement si médiatisé dont Florence Aubenas fut victime n’ait pas fait l’objet de sa part d’un quelconque ouvrage, où elle se serait racontée. Il comprend mal, en somme, qu’elle n’en ait pas tiré profit.

Le profit que va générer ce livre, des lecteurs du Monde  ne manquent pas de s’en indigner. Comme cette Louise, prétendument auteur(e) qui livre (22/02) une critique acerbe du travail accompli. Mais l’eût-elle fait ? Peut-être, pour un bon prix ? Les bobos toujours prêts à la critique ne le sont pas nécessairement à s’engager ailleurs que dans leurs discours, de préférence dans de beaux quartiers.

S’il est vrai, et c’est probable, que 20 % de la population française connaît le même sort que  celui des travailleurs précaires,  confinés aux tâches les plus ingrates acceptées, le plus souvent,  de bonne grâce dans l’espoir qu’elles serviront peut-être de tremplin vers un emploi meilleur ou plus durable, il est tout aussi vrai que cette réalité du monde est invisible pour ceux qui le dominent. Comme demeurent invisibles les anonymes, les petits, les sans grade largement décrits et soutenus par un Victor Hugo dont le mode de vie était au demeurant fort éloigné du leur.

Mes lecteurs s’étonneront sans doute de ma réaction : oui, j’écoute France Culture, malgré tout. Il est important de savoir comment, en haut, on perçoit le monde ; de savoir dans quel prisme il est déformé et, le connaissant, d’y échapper.

Il y a dans notre pays quantité de salariés et plus encore de bénévoles qui sont confrontés chaque jour à tous les degrés de la précarité sociale, à tant de vies si modestes, invisibles.  Ils  savent mieux que personne de quelles désillusions, de quel courage, de quels espoirs, de quels bonheurs  aussi  ces vies  sont faites. On ne peut négliger une nouvelle expérience qui a au moins le mérite de les faire connaître pour ce qu’elle sont, réellement.

Information: entre le buzz, l’émotion et la rumeur du complot, la réalité a rarement le dernier mot

Sur Arte cette semaine, la tentative de Daniel Leconte de déjouer les pièges de la désinformation n’aura guère retenu l’attention : 2% d’audience contre 27,4 pour le Dr House. C’est dire tout l’enjeu de l’information.  Un enjeu dont se « foutent »  la plupart des gens qui ne mesurent malheureusement pas les conséquences de ce qu’ils subissent et à quoi cela peut (encore)  les  mener.

David Pujadas, désormais « pure people » mais  libéré ici par le micro de Denis Jeambar,  est tout d’un coup remonté dans mon estime : j’ai bu du miel en entendant ses propos et ceux de ces journalistes  prétendument « en colère », mais surtout affligés de ne pouvoir exercer leur métier autrement que de la façon à quoi les contraint le « marché » , du moins celui des radios-télés. : au plus bas niveau de l’émotion, de la bonne conscience, du micro-trottoir, du bon conseil et du mode d’emploi, bien loin devant la rigueur de l’enquête,  la réserve et l’analyse qui restent encore les vrais critères, du moins pour une certaine presse écrite qui attire cependant de moins en moins de lecteurs. M. Pujadas devrait retourner aux écritures, moins lucratives sans doute que la télé, mais il s’y sentirait bien mieux.

L’imposture et la manipulation  dévoilées dans cette « Théma » ont un bel avenir. Pour n’être pas nouvelles, elles ont aujourd’hui l’avantage jamais atteint de pouvoir  diffuser leur venin instantanément,  dans le monde entier et dans toutes les langues et de moduler les opinions. La théorie du complot, quel qu’en soit l’objet,  fait florès et, comme les pires rumeurs,  parvient presque toujours à déjouer toutes les manifestations factuelles de la vérité objective en s’appuyant sur des témoignages, documents ou rapports soi-disant cachés. « La vérité est ailleurs » pour les chercheurs de type  X-files, et pour quantité d’entre nous, assaillis par le doute face aux contradictions de l’information.

J’avoue avoir été sidérée en recevant dernièrement un film sur le 11 septembre. Le montage en était parfait. L’illusion  du « complot » aurait pu marcher si je n’avais pas eu la chance d’être entourée de spécialistes de résistance des matériaux pour qui la cause (de l’effondrement rapide des tours) est entendue.

Quant à la grippe et ses vaccins, vecteurs de calamiteuses  rumeurs, rien ne permettra jamais à ceux qui les ont propagées de les détromper : le discernement et l’analyse sont assez mal enseignés ou mal pris en compte.

En matière de manipulation et de fabrique d’opinion publique, tout est donc possible et malheureusement, sans limite.

L’horreur médiatique, suite

MV5BMTU0NDA0NDQ3N15BMl5BanBnXkFtZTcwOTQ2NjEyMQ@@._V1._CR0,0,340,340_SS80_Difficile de se passer de lucarne à l’heure des infos, même si l’on sait quasiment d’avance ce qu’on va nous servir. Cela commence dès le matin avec le café et la radio où le ton est déjà donné sur « Les Matins » de ce qui animera la soirée médias. La journée se coule dans ses occupations jusqu’à l’heure bleue d’avant dîner où l’on se rejoint au salon, généralement devant un verre et l’écran des « informations ».

Las ! que de temps perdu pour ces petites dames (I-Télé) ou petits messieurs (BFM-TV) tout imbus de leur petite personne, toujours prêts à sortir leurs griffes pour critiquer, dénoncer, démonter, amplifier, déformer en particulier tout ce qui a été dit, ou fait, en matière de politique, de justice et en général de gouvernement.

Plus tard, à l’heure du dîner, ce sont les vedettes qui prennent leur place sur le parcours quasi obligé des « vingt heures ». Les premiers s’agitaient debout, dans leurs décors d’écrans, les seconds sont confortablement assis devant leur bureau et leur certitude d’être importants et d’être entendus sinon écoutés. Du moins est-ce l’illusion qu’ils s’acharnent à donner. Car tout n’est qu’illusion dans ce rôle savamment construit.

Si rien n’est plus gratifiant pour eux qu’une bonne catastrophe où ils pourront donner toute la mesure de tout ce qu’ils font pour nous aider à la comprendre et à nous y impliquer, leur excitation atteint son comble quand ils peuvent recevoir sur leur « plateau » leurs invités, qu’ils soient pipole ou Chef d’Etat. Quoi de plus médiatique aujourd’hui qu’un pipole sinon notre Président ?

Les pipole invités, ce qui est largement annoncé,  sont rarement là pour être « matraqués », c’est rare, sauf s’ils défrayent la chronique ;  ils font généralement l’objet d’une attention toute particulière sur leur « vécu »,  leur « ressenti » et leurs projets : après tout, ils contribuent à l’audience et servent de faire-valoir à leurs propres interlocuteurs, eux-mêmes déjà pipolisés.

Le Président, c’est autre chose, c’est un véritable nanant pour nos présentateurs vedettes, habilités dans toutes  les cours. A la mesure de ce 4ème pouvoir dont ils sont les représentants, ils piquent leurs banderilles avec allégresse dans le corps même de leurs questions jusqu’à, parfois, la maladresse. Comme sur les bas salaires, tout récemment, si l’on pense à ceux que dénonçait en octobre, à la Cour des Comptes, le regretté Philippe Seguin

Claude Chabrol, il y a longtemps, avait réussi, avec Masques, à dévoiler la face obscure de « gens » qui « font la télé ». Sydney Lumet, avec Network,  nous avait déjà montré bien avant tout ce dont ils seraient capables, jusqu’à cette Mort en direct que Bertrand Tavernier avait mise en images.

Un conseil à mes lecteurs : l’info télé se passe très bien de présentateurs. Euronews l’a bien compris. No comment !

Format hexagonal : désarroi, lamentation, aide et assistance

Rubens, Minerve protégeant la Paix

J’ai en mémoire tous ces disparus qui  nous précèdent et nous ont précédés. Ils avaient, il y a peu encore, connu deux guerres mondiales, dont la Grande fut sans aucun doute la pire puisque la première du genre. Une génération entière d’hommes y fut sacrifiée et les femmes s’attelèrent comme jamais à la tâche de faire vivre ceux qui restaient.

Ceux-là ont tout connu des misères humaines, de la douleur et de l’adversité. Ils ont affrontés toutes les horreurs :  de la guerre, de la souffrance, de l’indigence, de la pénurie. Certains y survivent encore, parce qu’ils sont tout simplement restés debout, responsables d’eux-mêmes, sans attendre d’autre assistance que celle de leur propre courage, de leur patience et de leur ténacité.

Ceux qui ont survécu et survivent encore à la dernière ont fait de leur mieux pour vivre en paix et gagner pas à pas tous les ingrédients de leur prospérité. Leurs enfants ont été gâtés : ils vivent en paix, instruits, distraits, soignés et assistés. Mieux encore, ils sont informés. Le plus souvent, sinon toujours, du pire. Et si le « saignant » cher aux « lucarnes » n’est pas ailleurs, il faut bien le trouver chez nous et donner encore à un public sans doute demandeur quelque bonne raison de se plaindre ou de solliciter encore, et de toute façon « toujours plus ». Plus de moyens, plus d’effectifs, …ou moins de neige !

Les Français d’aujourd’hui, gavés pour la plupart d’un confort social inouï, sont-ils en train de se réduire à cette espèce (speciès) déliquescente d’hominidés mineurs, frustrés et plaintifs réclamant à cors et à cris toujours  plus d’aide et d’assistance pour, simplement, vivre leur vie ? C’est en tout cas l’image qu’en donne leur journaux télé, où le trottoir fait l’information et le passant son expertise, sous le regard complice de » l’homme-tronc » de service tout imbu de sa propre image et de son imaginaire puissance.

Mais enfin, il faut bien constater qu’un pays où la Une des « Vingt heures » s’ouvre sur les Soldes ou sur la Météo quand on n’a pas trouvé ailleurs plus grand malheur, un pays comme celui-là est un pays heureux, le plus beau du monde sans aucun doute, même si les notions de pudeur, de finesse et même de ridicule n’y sont plus de saison.

Bonheur d’hiver

Est-ce la neige, c’est probable : elle a cette vertu d’apaiser les esprits, d’imposer un silence propice à la tranquillité mais, mieux encore, de nous imposer le respect de sa lumineuse pureté.

Sans doute faut-il penser, et j’y pense, à ceux qui doivent à pied ou sur les routes et même dans les rues affronter le risque des frimas. Mais j’ai  la chance d’être chez moi, au chaud derrière une fenêtre à contempler la chute des flocons, et  me vient à l’esprit un sentiment intense, prodigieux,  du bonheur d’être ici, en France, en vie et bien portante, loin du bruit, loin des foules, sans envie que je ne puisse  satisfaire, mes envies sont modestes, sans peine, plainte  ou frustration. Tout semble tout d’un coup si simple, par la grâce du Ciel qui nous remet à l’heure d’hiver, dans le plus beau pays du monde, ce que je crois volontiers pour avoir visité tant de contrées tellement moins belles, moins libres et ô combien moins accueillantes et moins prospères que la nôtre, n’en déplaise à tous les grincheux.

Ne laissons pas nos journaux, nos ondes et nos lucarnes nous harceler de leurs propos fâcheux et nous gâcher ces quelques moments normaux d’une saison qui dit son nom : hiver.

C’est simplement naturel,  blanc et tout simplement beau.

Syndrome clinique de la grande exclusion : où est l’Espérance ?

l'Espoir ou l'EspéranceIl y avait matière à entendre, ce matin, sur France-Culture. Dominique Voinchet recevait aux Matins les auteurs d’un livre qui n’a, malheureusement sans doute, pas vocation à devenir un best-seller : La Grande exclusion. Xavier Emmanuelli et Catherine Malabou ont réuni dans cet ouvrage les éléments qui les amènent à redéfinir l’exclusion, vocable trop malmené qui  assimile à tort les autres vocables tout aussi usités que sont la pauvreté, la très grande pauvreté dont les origines sont diverses, mais pas nécessairement les mêmes.

L’aspect médical que les auteurs confèrent à ce qui devient l’exclusion n’avait semble-t-il jamais été véritablement abordé : le cheminement qui mène de la perte de revenu, de l’environnement social puis  à celle du logement pour mener à la rue est bien connu. Mais la « mécanique » qui s’enclenche chez un individu après quelques semaines seulement de séjour à la rue dessine ici un ensemble de symptômes connus séparément mais rarement appréhendés dans leur ensemble. Ce syndrome clinique ne manquera pas d’interpeller tous ceux qui oeuvrent à l’aide, l’écoute, l’assistance, le soutien ou la réinsertion des personnes qui en sont atteintes et dont le premier critère est un traumatisme de l’âme.

S’il est intéressant de voir analyser cet aspect psychologique et psychiatrique des « sujets » exclus, et quels que soient les voies de remède apportées,  la chrétienne que je suis ne peut manquer de noter dans la présentation de cette étude l’absence totale de référence ou liens spirituels et de la « nourriture » qu’ils représentent.

Bien des gens se sont retrouvés ou se retrouveront possiblement à la rue. Tous ne sont pas ou ne deviendront pas des exclus. Parce qu’une réminiscence, ou une voix, ou un discours d’Espérance se sera pour eux fait entendre, au-delà, bien au-delà de l’aide ou du soin apporté.

La maladie de la mort, pour emprunter à Mme Duras, c’est d’abord un manque d’espérance. Etre exclus, c’est d’abord être mort à soi-même, à sa propre humanité et à toute forme de Foi, et d’Espérance.

N’en déplaise à tous les athéologues et autres déicitaires, comme les nomme judicieusement « Monseigneur » Piero de Paoli, déjà évoqué ici.

journalistes et chroniqueurs : le plus aimable d’entre eux : Alain Remond

Avant de clore ces lignes, et cette fois définitivement, je voudrais rendre hommage à Alain Remond, dont l’homonymie ne cesse de me rappeler le regretté René et l’acuité de son dernier ouvrage.

Chaque matin, Alain Remond nous livre dans son huitième de page une vision réjouissante d’un quotidien où l’absurde le dispute généralement au ridicule, fût-il tragique, tant nos vies  sont aujourd’hui harcelées par une surenchère de contraintes sociales, culturelles, économiques et commerciales. Du moins avons nous le pouvoir (mais surtout le droit) d’ en rire.

Dans la paix de notre petit hexagone, où nos medias s’agitent en coeur pour dénoncer des manques ou des excès de tout ce qui ferait, dans tant de dictatures et autres théocraties, figure de grands bonheurs (nos libertés, notre justice, notre éducation, notre santé, etc..), Alain Remond présente cette vertu immense de chercher chaque jour ce qui nous replonge, avec bonheur, dans le réel de notre quotidien heureux.

Sans acidité ni acrimonie, il nous ramène à nos rassurantes limites, celles dans lesquelles nous avons le  pouvoir de pinailler sur le superflu quand l’essentiel est quasiment garanti.

Nous ne savons souvent de l’état du monde que ce que les medias nous en montrent, ce que les « experts » nous en disent, mais nous voyons ce qui autour de nous le transforme, l’améliore, le dénature ou le détruit. Nos repères évoluent dans un monde qui change, qui n’est plus tout à fait le nôtre,  où parfois nous nous sentons perdus.

Alain Remond nous offre chaque matin dans lecture de sa chronique deux minutes  d’évasion et de retour au sens, deux minutes qui n’ont pas de prix.

A lui et à mes lecteurs, je dis simplement : MERCI.

Grippe : pandemonium d’une pandémie

Voilà le monde en « état d’urgence » et nos medias plus que jamais hystériques, repus de recompter les « cas ». 236 dans le monde entier, à l’heure où j’écris.  Je ne peux m’empêcher de penser à tous ceux qui, chaque jour que Dieu fait, décèdent de causes diverses : sur 62  millions chaque année, près de la moitié (36 millions), meurent de faim. Mais pour ceux-là, où  est l’Etat d’urgence ?

On peine à  imaginer ce que serait une pandémie déclarée de peste,  de choléra ou de quoi que ce soit d’incurable et vraiment mortel. Sans doute est-il toujours trop tôt pour mourir, mais n’y a-t-il pas quelque indécence à faire ainsi résonner les tambours quand on ne cesse de nous affirmer qu’il ne faut surtout pas « paniquer », puisque ce mal, cette « grippe » se traite aisément ?

Dans tous les cas, ce seront toujours les plus pauvres, les plus éloignés des soins qui en pâtiront. Pas ceux qui en réchapperont ou, pire, en tirent déjà profit.

Musique et Beauté transcendent les compromis et les disgrâces : la voix de Susan Boyle

C’était la bonne et réjouissante nouvelle du jour : le triomphe de la Beauté sur le terrain bourbeux de la vulgarité. Face au public hilare d’un plateau-télé, Susan Boyle, une femme ordinaire,  sans âge et sans attrait,  s’avance devant un jury d’animateurs acerbes et se met à chanter (I dreamed a Dream).  Elle ne pouvait pas mieux rêver.

A la seconde où le pur cristal de sa voix s’élève sur la salle,   les visages des « juges »  se figent, stupéfiés, le rictus déjà formé pour un rire perfide et gras retombe comme un soufflé sur leurs faces devenues soudain graves, émues et transcendées par la Beauté inattendue d’une voix sublime au chant parfait.

La Nature tend vers l’équilibre, et rares sont ceux à qui tout est donné. En bien ou en mal. Mais qu’importe après tout l’apparence : une voix n’est visible que pour le coeur, et la beauté en chasse tous les miasmes et tous les maux.

C’est donc pur bonheur de voir, quelle qu’en soit l’occasion, l’humilité descendre sur des êtres confits dans cette Foire aux vanités et malgré eux monter vers ces hauteurs qui tous, nous dépassent et nous appellent à Dieu.