Zemmour, toujours

destinfrançaisCe « Destin français » que je viens justement d’acheter, je n’en parlerai donc pas encore ici. Je le lirai sans doute, quand mon poignet me permettra de le tenir en main : c’est un pavé. Et son auteur en est semble-t-il un aussi dans la mare de ceux qui ne l’aiment pas, et ils sont nombreux, surtout sur les ondes radio. C’est même surtout pour cela que je l’ai acheté. Parce que Zemmour ose dire ce que les bien-pensants refusent : des vérités. Et qu’il est apparemment devenu interdit de plateaux.

J’aurais voulu parler ici du bon moment que je viens de passer avec le petit opus de Samuel Benchetrit « Reviens », plein d’humour, mais surtout très drôle en fait, et plein de tendresse aussi. Puis j’ai découvert (sur le net) qui était cet auteur pour moi inconnu (j’avais chargé son livre sur un site d’e-pub gratuits). J’ai tout de suite compris qu’il devait sans doute détester Zemmour (il a soutenu Ségolène)  ; encore que. Quand on imagine écrire sur Pline le Jeune…..Et puis, apparemment, il est très connu, M. Benchetrit. Même si çà l’ennuie. Il n’a donc pas besoin de mon pauvre petit soutien. D’autres s’en chargent très bien.

Car c’est bien de soutien qu’il s’agit, là, ce matin : celui de notre liberté d’expression qui , à l’instar de notre « Justice » ne s’opère que d’une seul côté, celui des « bons » (progressistes de tout poil) qu’on oppose désormais systématiquement aux « méchants  (infréquentables conservateurs).

Zemmour pousse parfois le bouchon un peu loin. Sur les prénoms, par exemple. Avant d’en affubler leur enfant, les parents devraient certainement penser d’abord à ce qu’il véhicule. Mais comme tout est permis en la matière, porter celui d’un parent, d’une voiture ou d’un fruit ne devrait plus déranger personne puisque chez nous, de toute façon, les saints sont bannis. Pour ce qui est de l’intégration, c’est une toute autre histoire. Ceci dit, on trouve toujours des Sophie, des Mathieu et même des Jean. Ou du moins on en trouve encore. Mais peut-être plus pour très  longtemps.

L’Oméga des Océans avec Jacques Perrin

Atlantique au Cap de Bonne Espérance

Comme tous les amoureux de la Mer, j’attends avec impatience la sortie du film documentaire de Jacques Perrin Océans.  Il est probable qu’une fois encore, nous allons assister à un formidable spectacle qui fera rapidement le tour du monde, à l’instar de celui de la planète Pandora, de ses Na’vis, de leurs avatars et de leur forêt perdue.

Ces deux spectacles ont en commun leur plaidoyer pour cette Nature qu’ici et là l’Homme a tendance à exploiter bien au-delà, parfois, de la mesure. J’ignore encore ce que J. Perrin va nous montrer, je n’en ai vu que des extraits : ils sont sublimes de beauté. De beauté vraie. De REALITE.

Les plongeurs, les surfeurs, les marins, les voileux dont je suis n’ont qu’une vague idée de ces réalités splendides mais aussi terrifiantes de ce que sont les océans : on ne peut être partout à la fois ni en même temps. Les lecteurs de Jack London, Pierre Loti, Joseph Conrad, Herman Melville, Victor Hugo ou Paul Valéry et  tant d’autres poètes et écrivains de la mer en ont déjà largement nourri au moins leur imaginaire.

Sans doute avons-nous été abreuvés d’abysses et de tempêtes fictives.
Sans doute avons nous vu aussi beaucoup d’images vraies, de Jacques Cousteau à Roger Pernoud, en passant par tant d’excellents reportages. Mais rien n’arrête notre appétit de nouveauté, puisque la réalité se transforme.

Ces océans que nous verrons bientôt sont le fruit d’un travail assurément exaltant mais aussi difficile et dangereux pour ceux qui l’ont accompli : ce qu’ils nous donneront à voir sera en quelque sorte l‘Omega d’une vision actuelle, pas toujours très réjouissante. Un cri d’alarme, pour que cette lettre grecque qui signe le titre ne soit pas symbole de fin.

Au bonheur des ados éperdus de lectures

Il n’est de jour qu’on se lamente sur le sort de la lecture, des livres et de l’enseignement. Il n’est de jour qu’on se lamente, d’ailleurs, sur n’importe quoi. Il y a pourtant tant de sujets de réjouissance, à commencer par ce constat : les ados adorent la lecture. Du moins certains. Ceux-là, à n’en pas douter, iront plus loin que les autres.

Je pense à tous ces lycéens qui chaque année sont investis pour sélectionner leur propre Goncourt. Et ce, depuis vingt deux ans déjà. Sans doute leurs choix sont-ils limités à la production de l’année, mais du moins font-ils preuve  d’assez de finesse pour saisir ce qui fait un bon livre, ou plus sûrement un bon roman, ce cheminement intime, cette adhésion à la juste et le plus souvent belle expression de sentiments, de pensées, d’histoires et de vies dans l’histoire,  riches de cette altérité qui nous construit.

Ce Club des incorrigibles optimistes qui a fait l’an passé l’objet de leur choix fut  un véritable régal pour moi qui ai vécu ce temps de l’histoire, et pour partie, la remise en place d’un puzzle qui alors m’avait échappé.

Ils ont nous dit-on élu ce livre « pour sa richesse thématique et littéraire, le réalisme de ses personnages et leur proximité », ce qui me laisse supposer tout ce qu’ils ont pu y trouver de vérités souvent peu énoncées ailleurs et dont ils sauront profiter.

A l’instar du héros de ce livre, je pourrai presque les imaginer, ces ados d’aujourd’hui, sur le chemin du lycée, les yeux rivés sur le livre qu’il tiennent  à la main, impatients de tourner la page pour ne pas manquer la fin du chapitre avant le début du cours. De ce point de vue, il n’y a pas d’âge pour être « ado ».

La lecture et les livres ont encore de beaux jours.

Entre deux solstices, une rédemption suédoise de Henning Mankell

Ile sur la Mer Baltique

« Les chaussures italiennes » : voilà un livre qui peut réconforter, à plus d’un titre,  ceux que leur âge ou leurs regrets inquiètent ou préoccupent,  mais pas seulement. Les lecteurs de Philip Roth me comprendront. Les fidèles de Kurt Wallender seront peut-être surpris, à moins de bien connaître Henning Mankell qui a tant de ressources.

Le retrait du monde, quand il n’est que fuite en avant n’engendre trop souvent qu’isolement,  solitude, puis désarroi. Entre l’écrivain de New York (Nathan Zuckermann) quittant le monde au fond du Massachusetts et le chirurgien de Stockholm (Frederik Wellin) sur un îlot de l’archipel,  il y a au départ une même démarche : fuir, lâchement fuir. Le monde, certes, mais pour le second,  d’abord soi-même.

Pendant quinze ans pour le premier, douze pour le second, passés dans la solitude et l’isolement, ce qui les amène à peu près au même âge, autour de 70 ans.

On sort quelque peu affligé du roman de Roth qui ne nous épargne jamais rien, non sans humour d’ailleurs, de ces redoutables décrépitudes dont nous sommes l’un ou l’autre un jour menacés. Ni de nos désillusions. Et encore moins de cette extinction générale des feux que la Foi, seule, peut limiter.

Que l’on vive à New York, à Stockholm où à Paris, la même absurde vanité domine tous les champs de la vie, rythmés par les courants de bruits, de modes, de pressions, et surtout d’apparences. La pire d’entre elles étant la « quête » d’authenticité, de « transparence » et de sincérité. Rien n’est pourtant plus authentique que la cité elle-même, élevée hors de terre par les hommes sincèrement convaincus qu’ensemble, rassemblés, ils peuvent défier leur solitude. Mais le fantôme de Zuckermann ne planera pas longtemps sur New-York, où plus rien ni personne ne l’attend. L’obsession de son âge, de son état, de son incontinence surtout le ramèneront au « désert ».

Ce qui rend attirant le roman de Mankell, c’est l’espoir qu’il suscite par ce cheminement d’un homme quasiment ordinaire en somme que l’on découvre,  au fil des pages,  brisé par son orgueil plus encore que par sa propre faute. Un homme que le passé, abruptement surgi en la personne d’Harriet, premier amour lâchement abandonné des décennies plus tôt, ramènera finalement, entre deux solstices, au présent d’autres vies que la sienne, à sa propre rédemption et à une vie nouvelle.

Deux esprits lumineux pour une même vision de la France : Charles De Gaulle et André Malraux

l'Espoir et le Fil de l'Epée

A l’heure où le sujet de l’identité nationale anime les débats, une lecture récente me renvoie à ce sujet déjà évoqué ici. Un jeune (et brillant) avocat,  Alexandre Duval-Stalla a donné, il y a deux ans déjà, le fruit d’un long travail fouillé, d’une compilation nourrie, personnelle  et éclairée de deux destins d’exception qui un jour se croisèrent pour former le lien d’une inextinguible amitié. Cette remise en mémoire de la vie de Charles De Gaulle, de dix ans l’aîné d’André Malraux et celle de ce dernier sont à relire d’urgence, car tout y est dit de ce qui fait la France et des valeurs de notre identité française.

J’emprunterai ici à Daniel Rondeau, qui préfaça ces « Biographies croisées » avant même qu’elles ne soient achevées, la fin de son exergue : « D’un côté l’homme du destin et de l’Histoire, de l’autre celui d’une fantasia permanente de l’intelligence dont les affirmations chargées d’une étrange énergie poétique claquent sur la toile mouvante du passage du temps. Chacun d’eux a trouvé son meilleur lecteur. Voilà qu’aujourd’hui un jeune homme nommé Alexandre Duval-Stalla se penche sur ces deux vies longtemps parallèles qui ont fini par ne plus former qu’une seule histoire. Duval-Stalla nous la raconte. Ce n’est pas si banal, il nous parle d’un temps où notre pays était gouverné par deux écrivains. Tout cela paraît loin. C’est très loin. Mais c’est la façon qu’a trouvée un homme de trente ans de parler de notre temps. »

Eh bien moi qui ai connu ce temps-là, je trouve ce jeune homme admirable, qui a su où puiser pour façonner son propre « Coeur intelligent »,  pour emprunter à Alain Finkielkraut dont le sujet de  la littérature, nourriture de l’intelligence, est le plus récent plaidoyer.

En ce temps de disette morale et d’athéisme triomphants, il est réjouissant de voir ainsi ramenés en lumière ces esprits qui appartiennent déjà à l’Histoire sur laquelle repose encore notre aujourd’hui. Car on peine à imaginer ce que serait la France, son territoire, son image, son patrimoine et sa culture si elle ne les avait pas rencontrés.

Par delà cette vision commune d’une France pérenne et généreuse, Charles de Gaulle était animé d’une foi catholique profonde et puissante, ce qui n’était pas le cas d’André Malraux qui résuma pourtant de la plus pertinente manière cette finalité mortelle qui l’obsédait : « Vous savez mieux que moi que nul n’échappe à Dieu ».*

*au père Bockel

Corruption : fruit des vanités, rançon de l’oppression étatique et produit de la pauvreté

corrupt (wkcommons)Les célébrations de Berlin, le 9 novembre, ont largement éclipsé l’ouverture de la conférence de Doha qui commençait le même jour.  Du moins l’opportunité aura-t-elle été donnée au plus grand nombre de connaître un des aspects les plus malfaisants des états totalitaires largement évoqués ici : la corruption de leurs élites et ses conséquences pour leurs pays et pour leurs peuples ravagés.

J’ai en mémoire le très beau livre de Tahar Ben Jelloun, « L’homme rompu » (Seuil, 1994) qui décrit admirablement le processus insidieux par lequel un honnête homme en vient à céder à un corrupteur. Car voilà bien ce qui oppose : il n’y a pas de corrompu sans corrupteur. Cela n’est pourtant pas si simple. Tout semble reposer en fait sur l’adage cité par Kant : « Tout homme a son prix »  dont le seul énoncé,  en l’absence de Morale,   fixe  toutes les règles de la vie civile et sociale dans la perversité.

Le premier constat, en matière de corruption, est qu’il sévit en priorité dans les pays les moins prospères, mais aussi les moins libéraux.

Dans les pseudo démocraties où les « élections », truquées, ne visent qu’à reconduire quasiment à vie un potentat vaniteux, seule sa « nomenclature » bénéficie de conditions de vie ostentatoires, le plus  souvent issues d’aides internationales ou de juteux contrats habilement détournés.

Aujourd’hui, suivant les estimation de la Banque mondiale,  la corruption coûterait de 20 à 40 milliards de dollars aux  « pays en développement« . On se plaît à rêver à tout ce qui pourrait se réaliser d’indispensable, de nécessaire ou simplement d’utile pour leurs habitants délaissés, de plus en plus nombreux à ne penser qu’à l’exil.

 

 

Foi, Espérance et Charité : quels prêtres pour les annoncer ?

Triomphe de la Foi sur l'Idolâtrie, J.B. Théodon, Gesu, Rome (wikics)
Triomphe de la Foi sur l'Idolâtrie, J.B. Théodon, Gesu, Rome

Je vis dans une paroisse provinciale qui ressemble peu ou prou à celle que décrit  Pietro de Paoli dans son second livre « 38 ans, célibataire et curé de campagne« , à ceci près que mon curé modérateur, qui a déjà  franchi le cap de la soixantaine, a achevé sa formation dans l’essor de Vatican II  et en applique les préceptes.

A l’instar de tant d’autres prêtres devenus de plus en plus rares, il assure au quotidien les charges de sa fonction dans un territoire étendu. Sans doute n’est-il pas seul à la tâche, puisque chez moi comme partout ailleurs,  des laïcs  actifs l’accompagnent dans toutes les équipes pastorales , et l’on ne soulignera jamais assez la richesse du lien social qu’ils entretiennent bien au-delà de leur mission chrétienne.

Sans doute, chez moi comme ailleurs la pratique n’est-elle guère étendue, et c’est pitié de voir, hors des grandes célébrations, nos églises pourtant décorées à peine occupées par une maigre poignée de fidèles. Du moins viennent-ils de tous horizons, milieux et opinions car leur Foi, seule, les réunit. Ceux-là ne sont pas sectaires.

J’ai déjà évoqué dans un de mes anciens billets un évènement déjà banalisé ailleurs qui,  survenu dans mon village, relevait de l’étrange sinon de la nouveauté. Des traditionnalistes tentaient chez nous de s’imposer.

En cette Année sacerdotale vouée aux prêtres,  et alors même que nos Evêques s’emploient à pallier le manque de vocations, j’observe qu’un certain activisme s’opère et lentement s’insinue dans les esprits. Certains paroissiens,  pourtant très concilaires,  n’ont au fond jamais cessé de regretter leurs messes d’antan. Il serait pourtant redoutable que sous l’effet de minorités très largement agissantes, notre Eglise incline à recruter son Clergé au sein de clans ouvertement politisés. C’est déjà pratiquement le cas dans certain diocèse, au grand dam de Mgr Vingt-Trois, qui tend à nous rassurer.

Les Catholiques sont suivis de longue date par Henri Tincq qui leur prédit une longue route mais le triomphe, dans 40 ans, de la religion chrétienne.  Il y a 5 ans déjà, Mgr Pietro de Paoli remettait les pendules du Vatican à l’heure  de 2035 pour arriver, après bien des détours fictifs et de réelles propositions à une conclusion assez proche. La vitalité de la Bonne Nouvelle. Mais après quel chemin !

 

 

Identité française ou identité nationale ?

France (source wikicommons)Au moment même où était lancée cette vaste campagne sur l’Identité française, je terminais le livre, assez terrifiant,  de Olav Hergel L’Otage, portrait incisif des excès d’une société repue amenée, par la manipulation conjointe de certains partis et des medias, à un repli national et un rejet complet de l’étranger. L’auteur précise qu’il s’agit évidemment d’une fiction, tout en précisant que « toute ressemblance avec des personnes, des institutions ou des medias existants n’est, comme l’écrivain allemand Heinrich Böll l’a exprimé, ni intentionnelle, ni fortuite, mais tout simplement inévitable« .  C’est dire si le débat lancé sur notre identité interroge. Ce  pourquoi je romps le silence que je m’étais imposé.

Sans doute le Danemark n’est-il pas, et à maints égards, comparable à la France. Mais la question qu’y pose l’immigration se pose dans toutes les nations d’Europe et chacune tente, comme elle peut, d’y répondre.

A l’exception de quelques rares familles implantées depuis des siècles dans ce qui est  notre territoire, la plupart d’entre nous sommes aujourd’hui  issus de migrations diverses et d’un mélange d’usages et de coutumes dont l’agglomération constitue notre, ou plutôt nos cultures. Mais quelles que soient nos différences d’origines, nous partageons (ou sommes censés partager) la même appartenance : celle de citoyens français.

L’identité d’une personne n’est donc pas nécessairement la même que celle du citoyen qu’elle est et je m’étonne toujours que cela ne soit pas toujours évident chez nous, terre d’immigration.

Sans doute la langue est-elle un des premiers facteurs d’adhésion et de cohésion. Pour autant, être francophone ne signifie être Français. Etre Français, c’est d’abord,  me semble-t-il prendre (ou faire prendre) conscience de ce qui fixe les usages et les règles de notre vie publique, résumés sur la plupart des frontispices de nos écoles : « Liberté Egalité, Fraternité » et que développe notre Constitution.

Avoir la chance de vivre dans un pays où toutes les opinions, croyances et religions sont libres d’expression mérite que l’on en respecte les règles, droits et devoirs. Cela s’apprend.

Pouvoir « Etre heureux comme Dieu en France » est un rêve pour trop d’étrangers pour que ceux qui ont la chance d’être déjà Français ne s’interrogent pas davantage sur ce que cela signifie pour eux-mêmes, mais aussi pour l’Autre.

Nous verrons donc ce qu’il résultera de cette enquête…..

 

 

Tourbillons ibériques : Pedro Almodovar, Carlos-Ruiz Zafon

Ombreduvent

A peine remise du spectacle des  « Etreintes brisées » d’Almodovar, remarquable enchevêtrement de passions humaines et castillanes, je tombe par hasard, comme c’est souvent le cas, sur un livre dont le titre, magique, m’invite à la lecture. Sans doute vais-je apparaître bien naïve aux yeux des hispanistes, et peu « actuelle » aux yeux des autres, mais la culture ibérique m’est,  je l’avoue,  presque étrangère : je n’en connais que les  grandes lignes. Quant à la nouveauté, elle n’a ici aucun sens : les bons livres n’ont pas d’âge. Et celui de Carlos-Ruiz Zafon (2001) pourra se lire encore longtemps.

Cette « Ombre du Vent » plonge le lecteur dès les premières lignes dans ce qu’il  convient d’appeler un émoi haletant et une insatiable curiosité : il ne s’agit ici que de livres oubliés, de passions,  littéraires et humaines et du fil ténu qui sépare et relie le réel de l’imaginaire autour d’une même histoire,  en progrès,  que renouvellent chaque fois de nouveaux éclairages. Sans doute n’y a-t-il là rien d’exceptionnel, –  l’auteur, plein d’un humour sagace, n’hésite pas à évoquer dans ses pages Hector Malot !-(même si l’on pense à Kurosawa) , et l’humour qui fait une part inhérente du livre, comme Barcelone elle-même,  certains personnages mythiques de la littérature hispanique, la fluidité du style – et, il faut le souligner, la remarquable traduction de François Maspéro en font, de mon modeste point de vue, un ouvrage à lire, à faire lire et à conserver.

Certains n’ont pas hésité à dire que Carlos-Luis Zafon avait reçu le Prix Planeta, par confusion sans doute avec son éditeur (Planeta). Je me réjouis en tous cas d’apprendre que ce jeune auteur prolixe a rencontré avec ce livre,  qui n’est pas le dernier sans doute de ses livres pour adultes,  (il a surtout écrit pour la jeunesse)  un succès considérable, bien avant celui emporté – post mortem – par Stieg  Larson dont j’ignore s’il n’est pas, lui, finalement mort usé d’avoir dénoncé le vice et l’horreur qu’il voyait partout.

Certains tourbillons sont plus gratifiants que d’autres, et quitte à briser là quelques heures ou encore quelques jours,  voilà deux voyages qui valent, sincèrement,  le détour….

Ces soi-disants « thérapeutes », maîtres des âmes

DSCN0888La Croix titre aujourd’hui sur ces manipulateurs qui prétendent vaincre « de l’intérieur » les pires maladies que la médecine elle-même, avec tous les moyens qu’elle peut mettre en oeuvre, ne  parvient pas toujours à guérir, mais qui a au moins l’avantage de tenter de le faire honnêtement.

Irène Nemirovsky a éclairé avec brio, en 1932,  ce processus d’aliénation dans « le Maître des âmes », publié seulement en 2005. Il s’agit là d’un  roman terrible de l’émigration, de la conquête et de l’emprise d’un être,  médecin devenu charlatan par revanche plus que par ambition, sur un public trop  attentif à soi-même pour faire preuve de discernement. Malgré le temps et tous les changements intervenus depuis lors, rien n’y est vraiment « démodé ».

Il en va des faux thérapeutes comme de certains sectaires, qui préconisent parfois des pratiques qui peuvent s’avérer mortifères ou à tout le moins délétères. (Les témoins de Jéhovah ne tolèrent aucune transfusion sanguine, par exemple). Qu’importe d’ailleurs ce que sont ces pratiques si elles remportent l’adhésion d’un public ou d’un auditoire.

Le libre-arbitre n’est pas chose si bien partagée et le bon sens n’est plus de saison. La Foi elle-même fait l’objet d’un vaste marché où les gourous se pressent en promettant des jours meilleurs, le succès ou la guérison à tous ceux qui sont, il faut le dire, prêts à croire  n’importe qui et à  n’importe quoi.