A l’heure où tous les regards convergent vers Stockholm, où cette question est depuis longtemps réglée, peu d’échos se font encore entendre sur le rapport Léonetti qui agitait pourtant, le mois dernier, le bocal médiatique. Si cela ne fait l’objet pas de sa couverture, la revue Etudes de décembre nous livre cependant une réflexion qui mérite qu’on s’y attarde, sur la place et le statut du beau-parent. Sans doute Christian Flavigny s’attache-t-il davantage ici à la place du père, ou plutôt du beau-père qu’à celle de la belle-mère, ce qui rend a priori le contexte assez différent : les femmes stériles ou nullipares ne s’attachent pas aux enfants de la même manière que les autres : l’enfant du conjoint devient souvent pour elles l’objet ET le sujet d’une attention et d’une affection toute particulières, qu’elles ne parviennent pas toujours à maîtriser et qui extrapolent leur rôle.
De ce point de vue, il était opportun de rappeler, comme le font l’un et l’autre Sylviane Giampino et C. Flavigny que le beau-parent n’est et ne sera jamais au regard de l’enfant un parent, ni même un tiers mais se présente pour lui, d’emblée, comme un intrus : »Le beau-parent bouscule l’équilibre de la famille, il fait intrusion dans la vie psychique de l’enfant qui ne l’avait nullement convié, il la déstabilise ; cela ne met pas en cause ses qualités personnelles ni un apport qu’il pourra faire à l’enfant, cela concerne la place qu’il prend dans la vie psychique de celui-ci, une place où il empiète, sans l’enrichir. »
C’est dire, indépendamment de tout l’aspect juridique qui fait aujourd’hui débat, à quels dilemnes se trouvent confrontés celles et ceux qui se trouvent un jour confrontés à des situations auxquelles rien a priori ne prépare : devenir « beau »-parent !
Chaque situation est en elle-même un cas d’espèce. Nulle n’est à l’autre comparable. L’âge des enfants concernés par le deuil, le divorce, la séparation puis la nouvelle union de l’un ou l’autre de ses parents est déterminant. Mais il faut sans aucun doute garder à l’esprit ou plus exactement s’imprégner d’une réalité que souvent l’on obère : une famille se compose. La recomposer demeure dans la plupart des cas une illusion.
Mais enfin, restons lucides : l’illusion demeure dans les familles d’origine elles-mêmes : combien de frères et soeurs dont les parents étaient unis s’ignorent ou se déchirent ? L’amour, malheureusement, n’est pas la règle. S’il est, pour les chrétiens, valeur suprême, ils en subissent comme les autres les atermoiements. C’est donc bien, in fine, le rôle du législateur de fixer les limites d’un ordre acceptable. Encore faut-il qu’il le soit.