Vivre simplement

Vivre simplement, c’est à quoi nous invitent les rédacteurs du dernier numéro de Croire aujourd’hui. Sans doute est-ce bien légitime, puisque nous entrons bientôt en Carême, temps de retraite intérieure et collective pour les chrétiens qui préparent dans la pénitence, la prière et l’aumône la Résurrection de Pâques. Pour autant, je suis étonnée de cette invite, tant il me semble naturel, pour un chrétien comme pour la plupart des croyants, de vivre simplement, c’est-à-dire en deçà de tout ce que notre société nous impose, quasiment, de consommer à outrance ou sans réelle nécessité.

Sans doute sommes-nous confrontés, à certains âges de la vie, à toutes formes de compétitions : pour les adolescents, objets d’un vaste marché, elle est plus rude encore que pour les adultes formés et  libérés en partie – mais en partie seulement, de cette contingence que représentent pour les premiers leur  identité à trouver et pour les seconds leur place à marquer. Les uns et les autres sont, à longueur de temps, matraqués par les courants de mode, les nouveautés, les gadgets et autres produits qu’il faut posséder pour être soi-disant « reconnu » ou « admis » dans tel ou tel groupe, ou se maintenir dans telle  coterie. Ces vanités auxquelles peu échappent dans la première partie de leur vie deviennent plus facilement caduques avec l’âge, mais surtout hors des villes où se concentrent ce genre de défis.

Sans doute les croyants ne sont-ils pas plus épargnés que les autres de toutes ces sollicitations, mais j’observe néanmoins que la spiritualité qui les guide les protège souvent des abus d’une consommation immodérée d’objets et de services nouveaux soumis en tous lieux à leur attention.

Il est de bon ton aujourd’hui de prôner ce qui est durable, d’en appeler à l’économie de ce qu’on a des années durant assez largement gaspillé, comme nos énergies, mais il ne faudrait tout de même pas sombrer dans un autre excès, car il s’agit bien là de nouveaux marchés  soumis comme les autres aux contraintes , aux  enjeux et au public qu’ils visent, le plus large possible.( Se ruiner dans une construction bio-écologique ou se passer d’un sèche-linge fort utile avec des enfants est de ce point de vue signifiant).

Vivre simplement, ne serait-ce pas, d’abord,  vivre selon ses moyens, au plus près de sa nécessité,  en accord avec  son environnement naturel et prioritairement  humain ? En ce temps où notre monde est ouvert à toutes les formes de communications et de solidarités,  ne serait-ce pas avec son propre voisin qu’il s’agirait d’abord d’échanger, avant d’aller parfois très loin proposer une aide qui serait  bienvenue déjà tout près de chez soi ?

L’Oméga des Océans avec Jacques Perrin

Atlantique au Cap de Bonne Espérance

Comme tous les amoureux de la Mer, j’attends avec impatience la sortie du film documentaire de Jacques Perrin Océans.  Il est probable qu’une fois encore, nous allons assister à un formidable spectacle qui fera rapidement le tour du monde, à l’instar de celui de la planète Pandora, de ses Na’vis, de leurs avatars et de leur forêt perdue.

Ces deux spectacles ont en commun leur plaidoyer pour cette Nature qu’ici et là l’Homme a tendance à exploiter bien au-delà, parfois, de la mesure. J’ignore encore ce que J. Perrin va nous montrer, je n’en ai vu que des extraits : ils sont sublimes de beauté. De beauté vraie. De REALITE.

Les plongeurs, les surfeurs, les marins, les voileux dont je suis n’ont qu’une vague idée de ces réalités splendides mais aussi terrifiantes de ce que sont les océans : on ne peut être partout à la fois ni en même temps. Les lecteurs de Jack London, Pierre Loti, Joseph Conrad, Herman Melville, Victor Hugo ou Paul Valéry et  tant d’autres poètes et écrivains de la mer en ont déjà largement nourri au moins leur imaginaire.

Sans doute avons-nous été abreuvés d’abysses et de tempêtes fictives.
Sans doute avons nous vu aussi beaucoup d’images vraies, de Jacques Cousteau à Roger Pernoud, en passant par tant d’excellents reportages. Mais rien n’arrête notre appétit de nouveauté, puisque la réalité se transforme.

Ces océans que nous verrons bientôt sont le fruit d’un travail assurément exaltant mais aussi difficile et dangereux pour ceux qui l’ont accompli : ce qu’ils nous donneront à voir sera en quelque sorte l‘Omega d’une vision actuelle, pas toujours très réjouissante. Un cri d’alarme, pour que cette lettre grecque qui signe le titre ne soit pas symbole de fin.

Bonheur d’hiver

Est-ce la neige, c’est probable : elle a cette vertu d’apaiser les esprits, d’imposer un silence propice à la tranquillité mais, mieux encore, de nous imposer le respect de sa lumineuse pureté.

Sans doute faut-il penser, et j’y pense, à ceux qui doivent à pied ou sur les routes et même dans les rues affronter le risque des frimas. Mais j’ai  la chance d’être chez moi, au chaud derrière une fenêtre à contempler la chute des flocons, et  me vient à l’esprit un sentiment intense, prodigieux,  du bonheur d’être ici, en France, en vie et bien portante, loin du bruit, loin des foules, sans envie que je ne puisse  satisfaire, mes envies sont modestes, sans peine, plainte  ou frustration. Tout semble tout d’un coup si simple, par la grâce du Ciel qui nous remet à l’heure d’hiver, dans le plus beau pays du monde, ce que je crois volontiers pour avoir visité tant de contrées tellement moins belles, moins libres et ô combien moins accueillantes et moins prospères que la nôtre, n’en déplaise à tous les grincheux.

Ne laissons pas nos journaux, nos ondes et nos lucarnes nous harceler de leurs propos fâcheux et nous gâcher ces quelques moments normaux d’une saison qui dit son nom : hiver.

C’est simplement naturel,  blanc et tout simplement beau.

Pollution (suite) : Coup de froid sur le réchauffement climatique

vague de neige

J’ai bien de la chance d’être si loin de Copenhague, dont rien de tangible n’est vraiment montré que l’agitation orchestrée des groupes (de pression) de service qui n’y cherchent, au fond, que leurs intérêts.

C’est plutôt étrange, d’ailleurs, qu’on ait choisi le Danemark, pays de « la Reine des neiges » qui transforme en glace tout ce qu’elle touche,  pour parler de réchauffement. Il ne manquait pas, dans notre hémisphère, de pays plus chauds et plus concernés par les conséquences présentes et futures des évolutions climatiques envisagées.

Il ne manquait pas non plus d’autres points de vue plus « critiques » (en anglais) que ceux qui nous sont sans cesse ressassés. Mais ceux-là (en français) ont bien du mal à se faire entendre.

N’étant pas scientifique moi-même, je n’ai guère d’opinion sur la question, mais je suis néanmoins capable de lire, comme tout un chacun, des courbes (de températures) et force est bien de constater que depuis le passage d’El Nino,  (Chaud) celles-ci auraient plutôt tendance…. à diminuer.

Tout cela n’empêche pas l’hiver de nous tomber dessus, avec quelques jours d’avance, mais comme il faut. Moins 9°c à Aurillac à l’heure ou j’écris : il ne fait jamais bien chaud l’hiver (la nuit) dans le Cantal.

La pollution, ses représentations et sa triste réalité

Nicolas Poussin : culte du Veau d'Or

La pollution est aujourd’hui partout. En premier lieu dans l’air que la plupart des citadins respirent. Mais ce qu’on en représente finit par agacer. Va pour les cheminées d’usines, de cimenteries et autres pots d’échappement  diffuseurs de substances toxiques,   mais qu’on cesse enfin de produire à son sujet  l’image récurrrente des tours de refroidissement de centrales nucléaires :  si elle polluent le paysage, elles n’émettent pourtant rien d’autre que de la vapeur d’eau !

La vraie pollution est ailleurs,  dans les esprits déjà corrompus par l’air du temps. Ce temps que tout le monde qualifie de détraqué, mais qui l’est surtout  pour cette partie du monde, la nôtre,  qui devra renoncer à tout ce que depuis bien longtemps elle gâche et gaspille pour assouvir toujours plus de désirs que de  véritables besoins.

Chacun aujourd’hui se lamente sur le sort de notre petite planète et tout est fait pour susciter notre émotion sur le sort des plus mal  lotis, sous d’autres latitudes, victimes quasiment expiatoires du désordre climatique généré par tous nos excès, dont les déforestations sont loin d’être le moindre.

Sans doute est-il heureux que tant de Chefs d’Etats essaient ces jours-ci de trouver,  à Stockholm, des remèdes à ces dérèglements  que certains Terriens plus que d’autres ont  contribué à amplifier. Ceux-là même qui jouent à qui perd gagne sur le terrain de nos Economies ou plutôt sur le cours des valeurs côtées que sont devenus, dans toutes les Bourses du monde, les matières et produits de toute la Terre.

Le gain, le profit, l’argent en somme asservit et enchaîne sans limite quelques poignées d’humains guidés par la satisfaction de leur propre désir de puissance, grisés par leurs capacités et par  l’opacité du vide où s’est égaré leur esprit que rien d’élevé n’éclaire ou ne motive. Et surtout pas  la vie des autres hommes et de leur terre. En quelques clics se joue sur les écrans de leurs traders le sort de milliers de gens anonymes, de constructions, de logements, d’entreprises, de plantations, d’exploitations, de cultures dont la finalité ne représentent pour eux et  leurs semblables  qu’un seuil de profit toujours fixé plus haut.

Pour ceux-là, toujours avides de fructueux marchés, les moyens mis en oeuvre pour rechercher et développer de nouvelles énergies ou changer nos comportements ne représentent en fait que des opportunités, des indices, des enjeux financiers sur lesquels prospérer, à nos propres dépens souvent mais plus gravement encore à celui de pays et d’Etats  tout entiers.

A l’instar du Veau d’Or masquant l’impatience d’Aaron,   la « pompe à phynance » * n’a pas fini de fonctionner,   mais il nous reste à espérer que  l’Esprit de Justice et de Vérité viendra éclairer les âmes de  ceux qui, à Stockholm et partout ailleurs, tenteront de la réguler.